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Intervention de Thierry Mariani

Réunion du 8 décembre 2009 à 17h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaThierry Mariani :

Un retrait serait effectivement impossible. Il y a un mois et demi, des éditoriaux du Figaro, du Monde et de Libération allaient exactement dans le même sens : il est très délicat d'y rester mais en partir serait pire. Nous y disposons de suffisamment de troupes pour sécuriser la zone mais pas assez pour gagner la guerre.

La conférence internationale de Londres prévue le 28 janvier 2010 constituera une échéance importante. Le président, réélu dans les conditions que nous connaissons, est l'interlocuteur légitime, et, en l'état actuel des choses, la constitution afghane lui interdit de se représenter. Nous devons fixer des conditions très claires à notre maintien, concernant en particulier la lutte contre la corruption ou la drogue. En particulier, je relève qu'en matière de drogue, des résultats ont été obtenus, même si cette question ne concerne pas tellement la zone française. Les fonds alloués doivent être réellement distribués. C'est pourquoi nous demandons quotidiennement des comptes au sujet des huit millions versés au fonds de développement rural, seule enveloppe que nous ne gérons pas directement, afin de nous assurer que le gouvernement afghan fait bien parvenir l'aide au bout des villages. Il convient donc de fixer une feuille de route avec le président Karzaï, comportant un échéancier de mise en conformité des institutions.

Par ailleurs, un gros effort doit être accompli en matière de formation militaire, dans la continuité de l'opération Épidote. La montée en puissance de l'armée afghane est un processus complexe qui requiert l'envoi de formateurs mais aussi la prise en charge des salaires de l'armée afghane – aujourd'hui la rébellion paie peut-être mieux que l'armée régulière. Un tel processus nous coûtera moins cher que de déployer des troupes, assurera la prise en main progressive de la souveraineté du pays et évitera à nos soldats d'assumer les risques. Nous sommes présents dans l'école des sous-officiers et pour la formation de la police, qui tient l'essentiel du terrain et subit le plus de pertes.

Chez nos concitoyens, la dégradation de la perception de l'intervention française est réelle. La plupart d'entre eux ne comprennent plus très bien ce que nous faisons en Afghanistan, si nous y sommes pour lutter contre la drogue, pour les droits des femmes ou pour la sécurité de la région. Il faut leur rappeler que notre mission est triple : la sécurisation du pays pour éviter qu'il ne redevienne une base du terrorisme ; la stabilisation régionale ainsi que la promotion des droits de l'homme et l'aide humanitaire à la population locale. Le seul argument susceptible de convaincre les Français est la lutte contre le terrorisme car ils acceptent désormais difficilement – et c'est compréhensible – que nos troupes soient engagées sur un théâtre extérieur, surtout quand des pertes sont à déplorer. À chaque mort d'un de nos militaires, le ministère reçoit d'ailleurs une grande quantité de courriers.

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