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Intervention de Claudie Haigneré

Réunion du 16 décembre 2009 à 10h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Claudie Haigneré, présidente de la Cité des sciences et de l'industrie, présidente du conseil d'administration du Palais de la découverte :

Je suis ouverte à toutes les suggestions relatives aux missions qui peuvent être les nôtres et aux moyens de les remplir ensemble. M. Reiss a mentionné les initiatives prises en Finlande et ailleurs. Constituer un pôle de référence scientifique nous permettra de renforcer les échanges de bonnes pratiques avec nos homologues des pays étrangers.

Parler de l'Internet me permet de répondre à M. Bernard Debré et à Mme Françoise Imbert, à Mme Marianne Dubois, en signalant le lancement de notre nouveau portail « ressources » consacré à la culture scientifique. Je vous indique aussi que des Assises auront lieu le 18 décembre, au cours desquelles je révélerai le nom choisi pour le nouvel établissement, qui sera également le nom de ce nouveau site. D'autre part, le 1er janvier prochain, nous lancerons e-science.TV, la première chaîne de télévision scientifique en ligne. Elle diffusera des vidéos scientifiques à la demande, présentera de manière interactive les travaux des chercheurs et les dernières découvertes mais aussi une rubrique de micro-fiction intitulée Oups ça dérape ! pour montrer aux plus jeunes que la science peut aussi être envisagée sous un aspect accrocheur. Pourquoi ne pas imaginer qu'à terme cette web-tv devienne le canal scientifique de référence en France ? C'est une de mes ambitions.

Une autre façon de diffuser la science est de créer une université numérique citoyenne, apte à former des citoyens éclairés. Partout en France existent des universités de tous les savoirs ; pourquoi ne pas indexer leurs contenus et viser ainsi non plus les seuls étudiants mais l'ensemble des citoyens ? Nous y travaillons.

Comment, m'avez-vous demandé, allons-nous faire nos choix ? Le conseil scientifique qui va être installé fera des suggestions de programmation, définira des interdits - présenter l'exposition Our Body, par exemple – et appellera l'attention le cas échéant sur les dérives potentielles que peut provoquer le fait d'avoir des industriels associés à nos réflexions. Je suis très attentive à cette question et, à ce jour, je n'ai pas constaté de dérives de ce type. Je vous invite, monsieur Bernard Debré, à nous suggérer, si vous le souhaitez, le nom d'une personnalité qualifiée dont vous estimez qu'elle pourrait siéger au conseil scientifique. J'ai demandé que le décret portant création du nouvel établissement prévoie que le conseil scientifique fasse rapport sur ses travaux au conseil d'administration au moins une fois par an.

Nous avons déjà des mécènes, au nombre desquels L'Oréal, Saint-Gobain et Arkema. Quatre millions d'euros avaient été levés auprès d'industriels, pour la rénovation du Palais de la découverte, avant que j'y sois. Je n'ai rien d'un ayatollah de la science pure : je considère que la science irrigue la société et que l'on peut faire des choses formidables à ce sujet avec le soutien des entreprises. On peut aussi compter sur la philanthropie, mais dans une moindre mesure… Il nous appartient aussi de traiter des risques et du principe de précaution et les compagnies d'assurances sont très intéressées par ce débat. Je rencontre leurs représentants au conseil d'orientation de l'Institut Diderot, où notre réflexion porte sur les conséquences des progrès de la science. Tout cela est au coeur du projet du nouvel établissement.

S'agissant de la formation des enseignants, une convention est en cours d'élaboration avec le ministère de l'Éducation nationale. Le projet de texte prévoit que nous puissions accompagner la formation des futurs professeurs dans les domaines du développement durable et des technologies numériques par exemple. Bien entendu, l'efficacité de l'enseignement des sciences dépend aussi de la maîtrise du sujet par les futurs professeurs. M. le député Jean-Michel Fourgous travaille à un rapport sur les technologies de l'information et de la communication dans l'enseignement ; il a certainement pris connaissance des études américaines qui mettent l'accent sur le fait que tout dépend de la confiance qu'ont les enseignants dans leurs propres compétences.

Pour avoir assisté à une rencontre de ce type à Boston, je sais d'expérience, monsieur Debray, tout l'intérêt des forums rassemblant industriels et chercheurs. Je pense qu'il en existe déjà en France, mais nous verrons si nous pourrons y contribuer. Déjà, nous élaborons un lien renforcé avec l'Agence nationale de la recherche qui sait toute l'importance de la divulgation des recherches. Je sais que Mme Pécresse est sensible à ces questions, mais pour l'instant ses priorités sont ailleurs. Pour avoir occupé un temps les fonctions qui sont les siennes maintenant, je puis vous dire que la décision de regrouper la Cité des sciences et de l'industrie et le Palais de la découverte a été prise bien avant décembre 2007 et la RGPP. En 2004 déjà, M. Aillagon et moi-même avions proposé la création d'un pôle de référence national et envisagé ce regroupement et cette synergie.

Monsieur Bloche, je travaille régulièrement d'une part avec M. Jean-Louis Missika, adjoint au maire de Paris chargé de l'innovation, de la recherche et des universités, d'autre part avec M. David Kessler, conseiller de M. Delanoë chargé de la culture, de l'éducation, de l'enseignement supérieur et de la recherche.

Ainsi que je vous l'ai dit, je ne souhaite pas une simple juxtaposition des deux sites. J'ai demandé à remplir cette mission parce que je pense que l'on peut faire beaucoup plus et de manière beaucoup plus ambitieuse que ce que faisaient merveilleusement mais l'un à côté de l'autre les deux institutions, et ainsi toucher un public plus large. Je le répète, le décret du 3 décembre 2009 ne fait disparaître ni les sites ni les spécificités mais les structures administratives. La loi du 3 août 2009 relative à la mobilité et aux parcours professionnels dans la fonction publique préserve le statut des fonctionnaires du Palais de la découverte. Certes, le nouvel établissement étant un EPIC, les personnels devront signer un nouveau contrat, mais cela ne présente aucune difficulté particulière. Je me suis engagée à ce qu'il n'y ait pas de mobilité imposée d'un site à l'autre et, pendant les six premiers mois au moins, on ne changera rien. De plus, comme chacun le sait, rien ne se fera sans information et consultation du comité d'entreprise. Pour l'instant, nous sommes dans une mission de préfiguration et pendant six mois, je le répète, je ne changerai rien sauf pour trois directions dont il est essentiel qu'elles soient immédiatement en ordre de marche : la direction des ressources humaines, la direction financière et juridique et celle des systèmes informatiques. Pour le reste, nous prendrons notre temps.

De septembre 2007 à mars 2009, le personnel n'a pas été associé à l'évolution envisagée, ou trop peu, et il y a eu un manque de transparence. Il en est résulté que je suis arrivée au beau milieu d'une grève, alors que des panneaux étaient apposés partout et avec des refus de siéger au comité d'entreprise. J'ai donc créé un blog cet été, organisé des réunions de direction et de départements et décidé la tenue d'Assises le 18 décembre. La coordination du personnel a décidé une grève ce jour-là, mais les Assises se tiendront. De plus, je prévois de réunir le personnel pendant deux journées complètes au premier semestre 2010 pour l'impliquer dans le projet scientifique et culturel qui est aujourd'hui disponible sur l'Intranet. Je fais donc le maximum car je suis de bonne volonté et, même si d'aucuns disent le contraire, favorable à l'innovation sociale.

Le Palais de la découverte a ses spécificités que nous tenterons de préserver au maximum. Mon intention n'est pas de lui imposer une chape de plomb. J'éprouve un immense respect pour ce qui y est fait et pour ses personnels ; il n'est question ni de fusion-absorption ni de dénigrement mais d'un projet ambitieux, d'écoute et de collaboration. J'espère vaincre ces résistances et ces inquiétudes, qu'au demeurant je comprends. Je ne peux, à ce jour, apporter toutes les réponses qui me sont demandées, mais je veux être loyale. C'est pourquoi je ne peux accepter de signer un document par lequel je m'engagerais à ce que rien ne change. Cela ne peut se concevoir, puisque ma mission est de favoriser une synergie. Pour vous donner un exemple, nous voulons réaliser une exposition sur « Océan et climat » à la Cité des sciences. Le conseil scientifique considère qu'il convient à ce sujet d'expliquer la théorie des systèmes complexes ; cela pourrait être fait au Palais de la découverte, et il y a là la possibilité évidente d'une synergie. Plus largement, nous n'aurions pas entrepris de faire du nouvel établissement un pôle scientifique de référence en maintenant séparés les deux établissements préexistants. Il ne s'agit pas d'uniformiser les cultures, je m'en porte garante ; cela n'aurait aucun intérêt. Il y a, au Palais de la découverte, des gens merveilleux, et je m'entourerai des meilleures équipes des deux anciens établissements.

J'ai obtenu pour 2010 un budget qui représente l'association des budgets des deux sites. Avec 147 millions d'euros, le nouvel établissement est plutôt mieux doté que d'autres. Il n'y a donc pas de restrictions de crédits, et j'ai aussi obtenu, pour l'université interne que je souhaite créer car nous savons déjà que certains métiers évolueront, le maintien de crédits de formation importants. Ainsi, si un logiciel de billetterie plus performant permet de réduire de cinq à trois les emplois nécessaires, il conviendra de former les salariés appelés à changer de poste.

Je chercherai à accroître les ressources propres de l'établissement, mais pas à n'importe quelle condition, et dans le respect de nos missions. Je serai vigilante afin qu'il n'y ait pas de dérives mais je suis favorable au mécénat d'entreprise dont je connais toute l'importance, comme je connais celle des associations, des organismes de recherche et des collectivités territoriales.

2011 sera l'Année internationale de la chimie, et aussi celle du centenaire de l'attribution du Prix Nobel de chimie à Marie Curie. À cette occasion, je souhaite que l'on reprenne la pièce Les Palmes de M. Schutz inspirée de la vie de Pierre et Marie Curie. J'ai pris de premiers contacts à ce sujet avec Arkema, qui est très tenté de nous suivre.

S'agissant des locaux du Grand Palais, vous aurez compris que je suis intéressée par l'association entre arts et sciences, une idée que j'avais évoquée avec M. Yves Saint-Geours il y a un certain temps déjà. Le Grand Palais est un lieu d'exception qui peut accueillir des publics multiples. M. Jean-Paul Cluzel, qui a pour mission de regrouper l'EPIC du Grand Palais et la Réunion des musées nationaux travaille également dans ce sens. Je participe à deux des trois groupes de travail qu'il a créés, mais il vous parlerait mieux que moi de ses projets.

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