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Intervention de Claudie Haigneré

Réunion du 16 décembre 2009 à 10h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Claudie Haigneré, présidente de la Cité des sciences et de l'industrie, présidente du conseil d'administration du Palais de la découverte :

Je suis vraiment très heureuse d'avoir la possibilité de vous présenter ce projet passionnant et de recueillir vos analyses, vos suggestions et peut-être aussi, je l'espère, votre soutien.

La décision de regrouper la Cité des sciences et de l'industrie et le Palais de la découverte date effectivement de décembre 2007. Elle a été présentée parmi un ensemble de mesures liées à la révision générale des politiques publiques (RGPP), ce qui à l'époque ne m'a pas paru le meilleur cadre pour traiter de l'éveil à la science mais ne me concernait pas plus que cela, puisque j'étais à l'Agence spatiale européenne. Mais j'ai très vite considéré le potentiel extraordinaire de ces deux maisons hors du commun, le Palais de la découverte, dont nous connaissons tous la merveilleuse façon de présenter les fondamentaux de la science, sans parler de la magie du lieu, et la Cité des sciences qui permet une approche plus contextualisée de la science dans la société d'aujourd'hui et qui comprend aussi la Cité des enfants, dès deux ans, et la Cité des métiers, un très beau lieu d'orientation professionnelle.

Ces deux maisons sont une richesse considérable, et leur potentiel peut encore être développé. Nous aurons besoin de la science et des progrès technologiques au XXIèmesiècle encore plus qu'auparavant. Si nous savons exercer notre contrôle et notre analyse critique à leur sujet, ce seront des solutions, pas des problèmes – alors qu'aujourd'hui s'exprime une défiance de la société envers la science. Il nous faut donc mener un travail considérable à la fois pour sensibiliser les jeunes et pour rendre chaque citoyen informé, critique et donc acteur des enjeux majeurs du XXIèmesiècle.

Ces enjeux, ce sont de véritables mutations de la civilisation. Je pense réellement que le XXIèmesiècle est différent des précédents. D'abord, ainsi que l'illustre le Sommet de Copenhague, nous entrons dans une civilisation du développement durable qui dépasse les discours politiques et les innovations techniques pour modeler les comportements. Un établissement scientifique doit accompagner les citoyens dans cette mutation. Ensuite, nous entrons aussi dans la civilisation numérique – c'est-à-dire que nous, adultes, avons quelque mal à y entrer et avons beaucoup à apprendre des jeunes pour nous y aider : en la matière, il faut se garder de nous considérer comme des prescripteurs. Enfin, la science et le progrès nous font approcher des domaines de la science du vivant et du devenir de l'humanité, des domaines dans lesquels il est indispensable d'être informé et responsable. Étant donné ces trois enjeux, il faut bâtir un socle fondamental d'éducation, de formation et de sensibilisation aux sciences et aux techniques.

Étant administrateur de la Cité des sciences et de l'industrie depuis trois ans, j'ai considéré que le regroupement des deux maisons nous donnerait un levier d'action beaucoup plus important. J'ai donc souhaité mener la mission de préfiguration du nouvel établissement, que les ministres de la recherche et de la culture m'ont confiée le 24 mars dernier. Pour passer très vite à l'action, j'ai pris la présidence de la Cité des sciences et de l'industrie le 15 avril, ainsi que la présidence du conseil d'administration du Palais de la découverte – deux maisons que je connaissais en tant que visiteuse et que ministre de la recherche et ministre des affaires européennes, mais que je voulais absolument vivre de l'intérieur afin de mieux comprendre les réticences du personnel face au regroupement. J'ai très vite monté une équipe chargée de former un projet mobilisateur, pour dépasser la culture interne très forte de chacun des deux établissements – j'avais le sentiment d'être la seule à imaginer qu'il n'y en aurait bientôt plus qu'un ! Le décret de création de la nouvelle structure, qui entrera en vigueur le 1erjanvier 2010, est paru au Journal officiel du 4 décembre et j'en ai été nommée administrateur provisoire. Le 1er janvier prochain, les structures juridiques du Palais de la découverte et de la Cité des sciences et de l'industrie disparaîtront. Ne restera que le nouvel établissement public industriel et commercial (EPIC) dont je serai toujours l'administrateur provisoire le temps de mettre en place son conseil d'administration – sans doute fin janvier. Celui-ci n'aura dès lors plus qu'à choisir son président, et je ne vous cache pas que j'espère qu'il me fera cette confiance.

La mission de préfiguration qui m'a été confiée s'articulait autour de quatre objectifs : la sensibilisation des jeunes et l'éveil des vocations, le développement du lien entre science et société – par le biais de la muséologie, de débats citoyens, de conférences… – et entre science et culture, l'organisation d'une programmation synergique et dynamique, parce que la science évolue et qu'il faut aujourd'hui apprendre à apprendre et aussi apprendre à désapprendre, et enfin la création d'un opérateur national de référence dans le champ de la culture scientifique et technique.

C'est pour cette dernière raison que je suis heureuse de pouvoir vous parler ce matin : bien au-delà de ses deux sites parisiens, la nouvelle institution doit tous vous atteindre, vous qui avez des centres de culture scientifique, des muséums, des observatoires… – les initiatives sont nombreuses. Cette mission est fondamentale. Il faut créer une nouvelle dynamique, française, dans le contexte européen et mondial. Le président Obama a annoncé en novembre une campagne « Éduquer pour innover », avec des actions formidables pour la sensibilisation aux sciences. La France et l'Europe doivent développer leurs propres valeurs, et pour cela renforcer le lien entre science et arts, entre science et humanités. L'histoire des sciences est absolument essentielle pour appréhender la science du présent et envisager celle de l'avenir. Je viens d'assister à l'UNESCO – salle comble – à la représentation de La vie de Galilée, de Brecht, et c'était un bonheur. Il y a des choses formidables à faire pour relier la science à la culture et aux humanités. La science n'est pas que pouvoir, mais aussi création et émotion et il faut développer ces entrées un peu différentes de la technologie pure.

Le nouvel EPIC sera aussi un opérateur de référence pour la communauté scientifique : l'Académie des sciences, l'Académie des technologies, l'Académie de médecine se mobilisent déjà pour cette sensibilisation, mais aussi l'Institut des hautes études pour la science et la technologie, ouvert aux politiques, aux journalistes et aux industriels, les centres de culture scientifique, technique et industrielle, les pôles de compétitivité, les collectivités territoriales – car vous êtes en première ligne… Nous participons aussi au formidable réseau européen Ecsite et aux initiatives américaines – la Cité des sciences et de l'industrie vient de tenir une très intéressante conférence sur le changement climatique en visioconférence avec Boston et Copenhague. Ce sont des actions à poursuivre.

Pour bâtir le projet scientifique et culturel du nouvel établissement, j'ai souhaité m'entourer des scientifiques qui étaient déjà dans les deux maisons, de personnalités internationales telles que M. Wagensberg, de Barcelone ou Goéry Delacôte, créateur de l'Exploratorium de San Francisco et aujourd'hui de l'Exploradôme de Vitry-sur-Seine, ou encore, pour éviter que la réflexion soit trop parisianiste, de gens comme Laurent Chicoineau, directeur de La Casemate à Grenoble. Ma mission est de rendre la science accessible et populaire, de lui redonner son prestige – même s'il est reconnu comme important, le métier de chercheur est en manque de prestige et de sens – et de transmettre aux jeunes générations le désir de faire de la science. C'est à partir de cela qu'est construit notre projet.

J'insiste dans ce projet sur la nécessité de décloisonner les savoirs, entre les sciences les arts et la culture comme je l'ai déjà dit, mais aussi au sein des filières scientifiques elles-mêmes. Je demande par exemple au Palais de la découverte de mieux exprimer l'interdisciplinarité, la complexité, l'incertitude intrinsèques de la science – toutes choses qui ne sont pas évoquées à l'école –, car nous appartenons au champ de l'éducation informelle. Nous sommes d'ailleurs en train de rédiger une convention avec le ministre de l'Éducation nationale, qui vise à nous permettre d'accompagner l'éducation formelle, en servant par exemple de plateforme d'expérimentation pour certains procédés qui, une fois agréés, pourraient devenir des innovations pédagogiques. C'est un des rôles que nous avons à jouer.

J'insiste également beaucoup sur la créativité. L'Année européenne de la créativité et de l'innovation touche à sa fin, et François Taddei vient de remettre un rapport magistral à l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) sur la créativité dans l'éducation. Il faut trouver le moyen de faire émerger le potentiel de créativité de chaque génération, de donner à chacun la possibilité de faire avancer l'innovation, entendue dans un sens très large. De multiples formules ont déjà été essayées en région, comme les laboratoires de créativité ou MINATEC à Grenoble. C'est extraordinaire : en expliquant à des jeunes de quinze ans des technologies de pointe et en leur demandant ce qu'ils en feraient, ils mettent au point en deux jours l'équivalent de projets de veille technologique ultraconfidentiels chez Renault ! Il y a un potentiel extraordinaire à exploiter et cela fait aussi partie de ma mission.

Cela passe par un processus de co-création. Comme le dit Jorge Wagensberg, un musée de sciences est un endroit où l'on entre avec plein de questions et duquel on doit ressortir avec encore plus de questions, mais mieux posées. Le musée n'est pas destiné à apporter les réponses, mais à accompagner le dialogue. Pour cela, il faut mettre l'interaction et les nouvelles technologies au service de la muséologie mais aussi insister sur la co-création : le public doit pouvoir modifier la forme de présentation de la science.

Je propose en particulier la mise en place d'un think tank, décentralisé en régions, où des jeunes de quinze à vingt ans se sentiraient parfaitement légitimes pour parler des défis de la science. Il faut bien comprendre qu'il ne s'agit plus des OGM ou des nanotechnologies : les jeunes sont déjà passés à d'autres types de débats, comme l'intelligence ambiante – on ne sait plus trop, avec les puces RFID (identification par radio fréquence), quelles informations sont collectées et par qui – le rapport entre la société connectée et la liberté individuelle, la préservation de la mémoire individuelle et collective, l'humanité et la post-humanité - autrement dit l'homme réparé et l'homme augmenté : ce n'est plus de la science-fiction, cela existe… Mais les jeunes ont aussi beaucoup à nous apporter sur ce qu'est un métier au XXIème siècle ou ce qu'est la « net génération ». On se plaint qu'ils n'ont pas de culture, qu'ils ne vont pas au théâtre et qu'ils ne peuvent pas se concentrer cinq minutes : mais ils sont capables de faire trois choses en même temps : envoyer un SMS, écouter de la musique et chercher des réponses pour leur exposé de géographie sur Google ! Ils sont capables de se concentrer des heures sur des jeux de stratégie, ce qui développe des processus de grande valeur. Ils ont une intelligence collaborative, connectée, qui correspond au monde actuel - parce que nous ne sommes plus dans une société d'information, mais de collaboration. Les jeunes sont nés connectés, alors que nous avons du mal à suivre. Et outre tout cela, ils ont aussi beaucoup à nous apporter en matière de valeurs d'engagement et de solidarité. Ce think tank me paraît donc très important.

Tout cela est une véritable mission politique. Nous n'avons pas le droit de ne pas nous intéresser à la sensibilisation à la science et à la technologie. Où y travailler ? Nous avons pour l'instant deux sites. Des rumeurs ont circulé, et le communiqué de presse de l'Elysée affirmant que le nouveau site se situerait à la Cité des sciences et de l'industrie du parc de la Villette, avec une présence au Grand Palais, a mis la communauté scientifique à feu et à sang – j'ai reçu sept cents mails dans la journée, auxquels j'ai répondu un par un. Or l'article 4 du décret mentionne les deux sites à égalité, et je m'engage à les préserver tous les deux – physiquement, intellectuellement, avec le capital humain et la spécificité de chacun. Par ailleurs, je vous rappelle que le siège du nouvel établissement se situe avenue Franklin Roosevelt. Mais il est bien clair qu'il ne s'agit pas de seulement juxtaposer les deux établissements ; il faut aller plus loin pour accomplir le projet que nous nous sommes fixé.

Ces deux sites ont besoin d'être rénovés. Par exemple, et malgré les travaux de sécurité qui ont déjà été effectués, le Palais de la découverte n'est actuellement ouvert que parce que le directeur général en prend la responsabilité. À partir du 1er janvier 2010, c'est moi qui aurai cette charge – si une conduite d'eau éclate, c'est moi qui serai responsable. Il faut donc rénover ce superbe bâtiment – j'ai déjeuné hier avec l'architecte en chef des monuments historiques, M. Perrot – pour assurer la sécurité et l'accessibilité nécessaires, parce qu'il est très compliqué de s'y rendre aujourd'hui en fauteuil roulant. Quant à la Cité des sciences, il faut en améliorer les abords : depuis le métro, l'accès est tout juste acceptable et si par malheur vous avez garé votre voiture de l'autre côté du parc et qu'il fait nuit, vous avez toutes les chances de vous perdre ! Il y a d'énormes efforts à faire, notamment en signalétique, pour rendre le grand ensemble de la Villette plus accessible et agréable.

Le magnifique bâtiment de la Cité des sciences et de l'industrie est composé de quatre travées : trois en activité et une quatrième dont, depuis la création de l'établissement, en 1986, on n'a pas su utiliser le potentiel. La réflexion a été entamée il y a longtemps pour lui redonner de la vie, par une concession privée ou un partenariat public privé par exemple. Aujourd'hui, un opérateur privé propose d'en faire un lieu dédié au numérique, avec des cinémas et des boutiques high-tech haut de gamme. Cela permettrait sans doute d'amener un nouveau public et de redonner de la vie à ce quartier, qui devient zone morte dès 19 heures, lorsque la Cité ferme. Un deuxième facteur serait, à terme, de franchir le périphérique pour travailler avec le campus Condorcet et tous ses laboratoires de sciences humaines, économiques et sociales ; j'en ai parlé avec Mme Pécresse. La réflexion sur la science et la société, sur la science et la culture doit être ancrée dans le monde réel. Nous pourrons ainsi travailler avec des universitaires, des organismes de recherche, des jeunes de quartiers parfois difficiles, des entreprises qui font montre d'innovation mais aussi de solidarité… Il existe des mécanismes de tutorat par lesquels des jeunes de grandes écoles accompagnent des jeunes en difficulté ou qui ne peuvent pas travailler à la maison. Passez à la bibliothèque des sciences et de l'industrie et vous verrez ces jeunes en train de bachoter, accompagnés par des polytechniciens et des centraliens ! Ce sont de très belles actions de « vivre ensemble ».

Le ministère de la culture nous encore confié deux missions complémentaires : une mission de « vivre ensemble », pour donner à cette zone de la vie et de l'envie, autour des sciences et technologies, et une mission « culture et handicap » qui fait de nous le pilote des actions des institutions culturelles de la région parisienne. Nous sommes en effet les seuls à avoir obtenu la labellisation sur les quatre handicaps : déficit mental, malvoyants, malentendants et mobilité réduite. C'est important mais en ce domaine, rien n'est jamais gagné !

J'en viens aux moyens – et c'est un domaine dans lequel vous pourriez m'aider. Les conventions avec les ministères de l'éducation nationale et du développement durable, ou avec la politique de la ville, je m'en occupe – vous pouvez intervenir, ce n'en sera que plus efficace. Mais, sachant que mon budget institutionnel n'est pas extensible, il me faut aussi développer des ressources propres et des partenariats : des engagements financiers avec des entreprises pour créer ensemble des expositions ou rénover les musées – nous travaillons par exemple avec Arkema, Total ou L'Oréal sur la chimie ou les nouveaux matériaux… Il faut aussi développer le mécénat de compétences et l'accompagnement du capital humain, c'est-à-dire pouvoir accueillir des ingénieurs ou des doctorants et leur offrir une qualification dans leur parcours d'étudiant par des unités de valeurs, ou professionnel grâce à la validation des acquis. Je sais bien que je me trouve dans un cadre contraint, en termes de budget comme d'effectifs – c'est ce qui motive la mobilisation des gens de la culture contre la RGPP – mais j'aimerais trouver par d'autres voies la possibilité d'injecter des nouveaux moyens dans ces établissements, ce qui nous donnera aussi plus de légitimité et de visibilité au niveau européen.

La Cité des sciences a remporté plusieurs des appels d'offres qui ont été lancés dans le domaine du numérique. Dans le cadre de « Proxima mobile » par exemple, nous sommes lauréats de CultureClic, un réseau qui donne accès sur son mobile à de multiples informations sur l'environnement culturel. Pour l'instant, cela reste un peu parisien, mais cela va s'étendre. Nous y travaillons avec la Réunion des musées nationaux, la Bibliothèque nationale de France et le Muséum d'histoire naturelle, et le Louvre souhaite nous rejoindre. Nous sommes également lauréats pour « City Jobs », en matière d'orientation professionnelle. Nous avons aussi remporté un appel sur les « jeux sérieux », les serious games qui ont commencé par la défense et l'humanitaire, continué dans le monde de l'entreprise et se diffusent aujourd'hui dans le monde de l'éducation. Il s'agit du jeu Today tomorrow, qui constitue une approche très intéressante en matière d'éducation au développement durable. À ce propos, le plan présenté par le président Obama fait des jeux sérieux un élément important de la sensibilisation à la science.

Vous avez compris qu'à mon sens, il faut renforcer la médiation humaine, assurer une muséologie de qualité, veiller à l'expérimentation directe : on manipule, on tripatouille – le personnel n'a même proposé de transformer la direction de la médiation en direction du tripatouillage ! C'est donc un projet global et ambitieux que je porte, et vous pouvez m'aider à le faire passer à la réalité. Car pour cela, il faut l'adhésion du personnel – nous y arriverons : nous avons commencé il y a cinq mois seulement ! – et des moyens.

À ce propos, je plaide pour une ligne consacrée, dans la maquette budgétaire, à la diffusion de la science et au rayonnement scientifique. Aujourd'hui, les crédits sont disséminés entre Palais de la découverte et Cité des sciences – donc entre budgets de la culture et de la recherche – centres de culture scientifique, fête de la science… Les réunir en une même ligne aurait du sens. Cela vous permettrait aussi de disposer d'indicateurs de performance spécifiques, sans compter qu'il serait plus facile de défendre ce projet politique si vous pouviez exercer votre droit de regard sur cette ligne. J'y travaille. Il faudra y parvenir au cours du premier trimestre 2010.

Et bien sûr, je suis allée voir MM. Rocard et Juppé dans le cadre de la préparation de leur rapport sur le grand emprunt. Étant donné mon parcours, je ne peux être que favorable à l'investissement dans l'économie de la connaissance et la société des savoirs : les dépenses d'avenir sont là. Mais avoir de beaux campus, de grands chercheurs, des entreprises innovantes et des politiques industrielles dynamiques ne portera pas tous ses fruits si nous n'avons pas bâti un socle d'éducation, de formation, de sensibilisation des jeunes, si nous n'avons pas établi une relation de confiance avec la société. Faute d'avoir assuré l'acceptabilité de la science, à propos des OGM et des nanotechnologies par exemple, tout le système sera bloqué – l'économie de la connaissance n'aura aucune dynamique. M. Rocard, auteur d'un rapport pour la Commission européenne sur l'enseignement des sciences, et M. Juppé, dont on connaît les engagements, ont été vite convaincus et j'ai eu le bonheur de voir que leur rapport définitif proposait de consacrer 150 millions au développement du nouvel établissement, 75 millions au rayonnement territorial des actions de culture scientifique comme celles de Goéry Delacôte et 25 millions aux initiatives telles que « La Main à la pâte » de l'Académie des sciences.

Malheureusement, dans la présentation par le Président de la République des priorités du grand emprunt, tout cela avait disparu. Il n'y a plus rien. J'estime que c'est une erreur. Je monte donc à nouveau au créneau, afin que le projet de loi de finances rectificative (PLFR) soit modifié avant la fin du mois de janvier. Je vous en parle aujourd'hui, j'irai voir le Premier ministre vendredi – je rencontrerai le Président de la République en janvier, mais ce sera trop tard pour le PLFR. Certes, l'action prévue en matière de recherche sera très utile : je connais bien le monde industriel pour être administrateur de grosses sociétés, je côtoie Areva, Schlumberger, Sanofi-Aventis, EADS… J'ai passé dix ans dans le milieu de la politique industrielle du spatial, je suis administrateur de France Télécom : je connais les enjeux ! Mais je considère comme une erreur de ne pas donner la petite impulsion qui est nécessaire. Si cette erreur n'est pas corrigée dans le PLFR, c'est vous qui aurez en main le devenir de la culture scientifique et technique sur le territoire.

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