Ne croyez pas que je veuille éviter certaines questions. Je ne dispose simplement pas du temps nécessaire pour répondre à tout.
Madame Crozon, oui, cela fait plus de vingt-cinq ans que je me bats pour la cause des femmes. Je suis perçu comme quelqu'un qui défend leur droit à l'émancipation, leur droit de travailler, de percevoir un salaire égal. J'ai récemment lancé une campagne contre les mariages forcés. J'aimerais que vous entendiez tout cela.
Les propos que j'aurais tenus à Budapest n'ont pas été rapportés correctement. Il n'est aucun article de la Déclaration universelle des droits de l'homme que je réfute. J'ai cité, à cette conférence, un intellectuel américain qui disait en substance : je n'ai pas envie que vous m'acceptiez, j'ai envie de vous déranger (« to bother you »), afin de montrer que le débat critique peut s'ouvrir lorsque la présence d'autrui interpelle.
S'agissant de la mission d'information, Monsieur le président, je constate qu'elle est née après les déclarations du président de la République. Je ne vois pas de hasard dans le fait qu'elle s'inscrive dans un tel contexte. Par ailleurs, votre objectif n'est-il pas d'examiner l'opportunité d'une loi, parmi d'autres mesures ? En évoquant cette possibilité, et en disant que ce serait une mauvaise idée, je me borne à mon rôle de personnalité auditionnée.
Vous parlez d'une visibilité plus grande de ces comportements. Il faut tenir compte du fait que le nombre de citoyens français de confession musulmane a augmenté et que les personnes de deuxième ou troisième génération sont plus visibles. Je vous invite à rapporter l'estimation du nombre de femmes qui seraient concernées par le port de la burqa – quelques milliers tout au plus – au nombre des musulmans vivant en France. En matière sociale, il faut faire attention aux illusions d'optique.
Monsieur Perruchot, vous évoquez le malaise provoqué par les pressions exercées dans les hôpitaux, les écoles, les cantines. Il s'agit là de questions importantes, mais faut-il passer par la burqa pour les poser ? Cela est perçu comme de la stigmatisation. Ce n'est pas un dispositif politique raisonnable. Faut-il traiter de l'extrême pour questionner la norme ? L'immense majorité des quatre ou cinq millions de musulmans vivant en France sont contre cette prescription.
Il existe bien sûr des pressions sociales ou familiales concernant le port du niqab. J'ai essayé de vous expliquer aussi le cheminement intérieur de certaines de ces femmes. Il peut arriver que la représentation de soi dans le cadre social soit induite, que les femmes en viennent à s'auto-discriminer, à adopter des pratiques qui leur soient nuisibles, comme l'excision, à revendiquer – c'est le cas aussi de certaines Afghanes, des études occidentales l'ont montré – le port de la burqa.
Madame Hoffman-Rispal, il est étrange qu'une personne se disant tolérante et ouverte ne souhaite pas me recevoir…