J'étais opposée moi aussi à ce que vous soyez invité. Je me suis pourtant rendue à cette audition avec un esprit d'ouverture et de tolérance ; j'en sortirai plus inquiète que jamais.
D'abord, vous remettez en cause la mission elle-même. Or, sa création n'est pas liée aux propos de Nicolas Sarkozy mais à une proposition bien antérieure d'André Gerin, qui constatait qu'un certain nombre de problèmes se posaient aux élus locaux.
Ensuite, qui vous dit que nous allons faire une loi ? Je suis personnellement entrée dans cette mission en étant opposée à la loi, mais à vous entendre, je vais finir par changer d'avis. Vous dites que cela fait vingt-cinq ans que vous faites de la pédagogie, mais le radicalisme explose dans nos quartiers. Il y a dix ans, je ne voyais pas de voile intégral dans ma circonscription. Aujourd'hui, j'en croise chaque jour. Vous pouvez faire des milliers de conférences et aller sur les plateaux de télévision, votre réformisme ne prend pas !
Je serais la première à adhérer à votre programme pédagogique : les femmes, aujourd'hui parlementaires, se sont battues, souvent pour sortir de leurs propres ghettos et devenir les élues de cette merveilleuse République. Nous luttons pour que les femmes soient les strictes égales des hommes, que les droits politiques, sociaux et individuels soient exactement les mêmes, quel que soit le sexe. Mais lorsque je vois une gamine qui n'est même pas formée sous un voile intégral, quand je vois cette femme à côté de moi dans le métro sans pouvoir apercevoir son sourire, je me dis que vous, le Conseil français du culte musulman (CFCM) et d'autres avez échoué dans cette pédagogie. D'ailleurs, si vous aviez réussi, cette mission n'aurait pas lieu d'être.