Je fais partie, sachez-le, des députés qui ne souhaitaient pas vous auditionner. Je souhaitais vous le dire en des mots simples et aussi courtois que possible. La somme de vos doubles discours, auxquels Éric Raoult faisait gentiment allusion il y a un instant, contre-vérités, falsifications et manipulations est telle que votre crédibilité a reculé partout en France et en Europe. Il y a de moins en moins de gens pour vous accorder le moindre crédit intellectuel que ce soit. Votre seul talent, s'il y en a un, est d'enrober d'un discours enjôleur des positions fondamentalistes inacceptables. Le fait que vous ayez parlé de laïcité dans des termes bien éloignés de la tradition républicaine et qu'à aucun moment vous n'ayez fait référence à l'égalité entre hommes et femmes me conforte dans mon opinion.
Je l'ai dit au président et je l'ai dit devant la mission : cette invitation ne servira qu'à vous donner une respectabilité et une tribune que vous ne méritez pas de mon point de vue. Je me suis demandé pourquoi certains d'entre nous – dont je ne sais pas s'ils sont majoritaires dans cette mission – ont fait le choix de vous auditionner. Ceux qui l'ont souhaité l'ont fait au nom peut-être de la liberté d'expression et de notre tradition pluraliste. Mais à la vérité, sa seule vertu est médiatique : il n'est qu'à juger du nombre de médias présents ce soir ; c'est presque une insulte aux journalistes qui nous suivent semaine après semaine. Nous ne sommes pas aujourd'hui dans le travail méticuleux parlementaire mais dans le show biz et je le regrette.
In fine, je crois avoir compris pourquoi le Parlement français se devait de recevoir un prédicateur suisse. Nous constatons depuis quelques semaines que la lumière vient de Suisse. Mais les réactions irrationnelles qu'a suscitée l'affaire Polanski et la votation suisse montrent que, décidément, la démocratie française est bien malade !