Les syndicats, que je respecte beaucoup, sont des organismes de défense des salariés en place, c'est leur logique. En outre, une espèce de mentalité de la presse a déteint sur l'AFP, une partie du syndicalisme de cette entreprise étant une sorte de « syndicalisme du livre », avec la force mais aussi avec les problèmes qui s'y rattachent.
Finalement, la cogestion pose un vrai problème et affaiblit un PDG qui est nommé à l'issue de négociations compliquées : la presse est majoritaire au sein du conseil d'administration – avec huit représentants sur treize votants –, mais comme il faut dix voix pour que le président soit élu, les deux représentants de l'audiovisuel public et les trois représentants de l'État se mettent d'accord avec elle.
À peu près 1 300 journalistes et 1 000 salariés non journalistes travaillent à l'AFP et les salaires y représentent 70 % des charges, ce qui est important. Des économies sont peut-être possibles...
Il y a évidemment une charte de déontologie au sein de l'AFP. En outre, à l'issue des états généraux de la presse, nous avons rédigé un projet de code déontologique que d'aucuns voudraient annexer à la convention collective des journalistes, ce qui ne me semble pas une très bonne idée : mieux vaudrait l'annexer à la carte de presse.
Autre problème : le conseil supérieur de l'AFP ne joue pas son rôle parce qu'il n'est absolument pas représentatif. Certes, il est très bien d'avoir un conseiller d'État, un conseiller à la Cour de cassation, un ambassadeur, un préfet, mais si réforme de l'AFP il y a, il faudrait aussi réformer le conseil supérieur et peut-être le sortir de l'AFP : je crois vraiment à une instance de régulation qui concernerait à la fois l'AFP et d'autres médias. Avec le temps, un tel projet finira par arriver car on en a vraiment besoin dans la presse et dans les médias français.