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Intervention de Bertrand Eveno

Réunion du 9 décembre 2009 à 10h00
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Bertrand Eveno, professeur à l'Université Paris I Panthéon-Sorbonne :

Faute de rentabilité donc, reste la question de l'indépendance, qui fonde la confiance accordée à l'AFP. Ce qui soulève forcément la question de la direction de l'entreprise. L'État a toujours cherché à influencer l'opinion, les gouvernements, de gauche et de droite, à orienter les médias. Cela ne peut que s'opposer à la fiabilité de l'Agence. Cette volonté de contrôle est d'ailleurs illusoire. Les pouvoirs publics sont aussi impuissants à contrôler l'opinion que les politiques à contrôler les médias et l'Agence elle-même ses propres journalistes. Le résultat est une désillusion constante des politiques qui conduit à l'éviction régulière des présidents de l'Agence – une dizaine depuis 1975 ! – et à une grande instabilité. Cela a aussi mené à renforcer le pouvoir des syndicats et la cogestion au sein de l'Agence, ce qui peut certes être une bonne chose, mais pas du point de vue de son avenir parce que la cogestion se fait toujours sur les acquis du passé.

Une solution pourrait être de créer un conseil de presse autonome, qui serait l'arbitre qui recevrait toutes les plaintes – du public, des clients et même des politiques – et rendrait des avis motivés, améliorant ainsi la transparence de l'ensemble du système. Mais quelles que soient les modifications apportées au statut de l'entreprise, cette solution risque de ne pas suffire. L'évolution des médias est telle depuis cinquante ans, en France, qu'il est trop tard pour les réintégrer dans un marché d'ailleurs en pleine déliquescence, et trop tard pour alléger la tutelle de l'État. Il faut donc trouver un autre moyen pour limiter les effets les plus néfastes de la situation.

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