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Intervention de Claude Moisy

Réunion du 9 décembre 2009 à 10h00
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Claude Moisy, journaliste, ancien PDG de l'Agence France Presse de 1990 à 1993 :

J'ai eu le privilège d'assister à la première audition de ce matin et j'ai trouvé que nombre de points très intéressants avaient été abordés, mais dont il faut bien dire qu'ils ne peuvent en rien aider à répondre au problème du jour. La question de l'avenir, de la pérennité de l'Agence France Presse est en effet exclusivement fonction de la volonté de l'État – c'est-à-dire de l'exécutif et du législatif.

L'Agence France Presse est une invention de l'État. J'y suis entré en même temps que naissait le statut d'indépendance de 1957 et j'ai vécu ses évolutions jusqu'en 1993. Je sais qu'elle n'a été créée que par la volonté du politique et qu'elle ne s'est ensuite développée – constamment, contrairement à ce que j'ai entendu ce matin – que grâce à elle, quels qu'aient été par ailleurs le travail et la conscience professionnelle de ses journalistes. L'État n'est jusqu'à maintenant jamais revenu sur l'idée que l'Agence France Presse était bonne pour la France. La question est de savoir si cette volonté existe toujours.

Si c'est le cas, il n'est pas utile de passer des heures à parler de la réforme du statut. Le statut de l'Agence France Presse est idiot. Il ne tient pas debout, c'est un ovni, pas une seule entreprise au monde ne pourrait avoir le même – mais il a fonctionné, parce que le président Jean Marin avait posé dès le départ le principe que celui qui paye ne commande pas. C'est ce qui s'est passé pendant cinquante ans, et ce n'est pas absurde puisque la BBC à Londres et NHK au Japon fonctionnent dans les mêmes conditions. Discuter de privatisation ou de nationalisation rampante est donc complètement inutile. Si l'État continue à estimer que l'existence de l'AFP est bonne pour la France, tout va bien – il n'a qu'à continuer à payer. Sinon, aucune modification du statut ne pourra jamais rendre l'agence rentable – au niveau mondial s'entend, parce qu'elle peut l'être au plan national – tout simplement parce que le marché de l'information générale ne l'est pas.

Que ce soit bien clair : je ne suis pas en train de plaider pour que l'État soutienne l'Agence. Il lui appartient de prendre la décision et je comprendrais très bien que dans les conditions financières actuelles il considère, comme pour le Concorde par exemple, qu'il n'en a pas les moyens. Mais il doit le dire. Faire croire qu'on assurera l'avenir de l'Agence en modifiant son statut est une supercherie.

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