Il a aussi souligné à juste titre qu'il faut concilier l'identité nationale et celle de l'Europe. Je suis frappé de constater que, sur le site que nous avons ouvert,www.debatidentitenationale.fr, beaucoup de contributions vont dans ce sens. Puisque les Français s'interrogent sur le lien entre identité nationale et européenne, c'est un point que nous devons éclaircir.
Comme beaucoup d'entre vous, Jean Dionis du Séjour a insisté sur la place de la langue. Je le rejoins donc sur bien des points, sauf sur sa conclusion relative à la place des communautés. J'ai cru y discerner une acceptation du communautarisme, que je ne peux approuver. (« Très bien ! » sur les bancs du groupe UMP.)
Hervé Mariton a rappelé que les Français demandent ce débat, qui est légitime. Même si le propos appelle des nuances, il a eu raison de souligner que le débat ne doit pas être celui d'un seul ministère. Celui dont j'ai la charge se contente d'initier et d'organiser la discussion. Nous nous tournons vers les Français pour les interroger.
Il a noté que j'ai parlé de « scenarii du futur ». J'aurais aimé lui indiquer, ce que j'aurai sans doute l'occasion de faire, ce que nos compatriotes attendent de nous. Ils veulent que nous leur expliquions comment la compétitivité, dans une mondialisation maîtrisée et régulée, peut nous permettre de préserver notre système de cohésion et de protection sociales. Il a aussi rappelé à juste titre que l'identité nationale doit être une force, une énergie pour se projeter dans l'avenir.
J'en viens enfin au thème de la laïcité. Dans mon esprit, il n'est pas question d'ajouter une quatrième valeur à la devise républicaine inscrite au fronton des édifices publics. Mais reconnaissons qu'en France, la laïcité est un pilier. Le terme ne désigne pas seulement un rapport à la religion. Il affirme une foi et le rêve de fabriquer des citoyens dotés de raison, rationnels et rationalistes. Ainsi, la laïcité est une déclinaison de l'humanisme.
J'ai approuvé l'intervention de Dominique Souchet sur la langue. Comme le montrent certaines contributions au débat parvenues sur notre site, nos compatriotes sont attachés à la langue française, non seulement comme à un système d'expression, à un outil de communication, mais aussi comme à une forme de structuration de la pensée et de l'échange. Il a insisté ensuite sur le fait que la reconnaissance dans notre mémoire, dans l'histoire de France, de zones d'ombre et de zones de lumière ne devait pas conduire à l'autoflagellation : la France doit s'estimer elle-même. Il a conclu que le débat devait tout à la fois redonner aux Français confiance dans l'avenir et contribuer au rayonnement international de notre pays. Je souscris totalement à ses propos.
Je me suis délecté à écouter Marc-Philippe Daubresse. Si j'ai gagné mon pari sur l'attitude des députés socialistes à la fin du débat, je n'ai pas su répondre à sa devinette concernant l'auteur de sa longue citation. J'ai pensé qu'il pouvait s'agir de Lionel Jospin, puis de Jean-Pierre Chevènement. Je n'avais pas pensé à François Bayrou, lequel a tenu ces jours-ci des propos sensiblement différents. Le lien établi dans ce texte entre identité nationale et intégration me paraît précieux et digne d'être utilisé.
J'ai beaucoup aimé la façon dont André Schneider, avec la modestie et la force de conviction qu'on lui connaît, a traduit son amour immodéré de la France et son ancrage alsacien. Je ne connaissais pas la jolie expression de « territoires d'outre-Vosges », mais je la retiendrai. Il a parfaitement souligné le lien indéfectible entre les valeurs et les symboles, et nous a invités à partager tous ensemble – Français, étrangers et Français d'origine étrangère – cet équilibre de droits et de devoirs qui fonde notre République.
Je voulais répondre à Bernard Cazeneuve, mais j'aurais préféré le faire en sa présence. « À vaincre sans péril, on triomphe sans gloire. » Je m'abstiendrai donc.
Jean-Claude Guibal a souligné à juste titre ce que la construction de la nation française doit à Rome et à la Grèce, avant de rappeler l'importance de la structuration de nos pensées par la langue française. J'ai particulièrement apprécié le lien qu'il a établi entre mondialisation et besoin de racines. Si nous voulons être tournés vers l'extérieur et nous ouvrir aux autres, il faut se connaître, s'aimer soi-même et être sûr de ses valeurs. C'est ce à quoi il nous a incités.
Lionnel Luca a eu raison de rappeler que la question posée aux Français dans ce débat est ouverte, libre et généreuse : pour vous, qu'est-ce qu'être français ? Il a indiqué à juste titre que le match Algérie-Égypte qui se jouait au Soudan a suscité en France des scènes de liesse aussi respectables que les débordements, la casse et l'absence de respect à l'égard des symboles de la République française étaient inacceptables. (« Très bien ! » sur les bancs du groupe UMP.)