« Doctrinaires crépus, polaks mités, gratin des ghettos, contrebandiers d'armes, pistoleros en détresse, espions usuriers, gangsters, marchands de femmes et de cocaïne, ils accourent précédés de leur odeur, escortés de leurs punaises... »
Il faut le savoir, des propos de ce type ont été tenus, mais, au même moment ou un peu plus tard, d'autres, que l'on a déjà longuement cités, comme Braudel, ont affirmé que la France était diversité : diversité des paysages, diversité des hommes, diversité des couleurs. Ainsi Braudel écrivait-il : « Tant d'“immigrés”, depuis si longtemps, depuis notre préhistoire jusqu'à l'histoire très récente, ont réussi à faire naufrage sans trop de bruit dans la masse française que l'on pourrait dire, en s'amusant, que tous les Français, si le regard se reporte aux siècles […] qui ont précédé notre temps, sont fils d'immigrés. » (Applaudissements sur les bancs des groupes SRC et GDR.)
La querelle que vous lancez aujourd'hui, à propos des bons et des moins bons Français, ne tient donc pas compte de cette vérité énoncée par Dominique Schnapper : « la société moderne n'est pas formée de groupes juxtaposés aux frontières claires […]. Les sociétés modernes sont fondées sur la mobilité des hommes, la pluralité de leurs fidélités et de leurs abandons, de leurs identités […]. »
Cette pluralité fait la force de notre nation. C'est elle qui lui a permis, hier, de construire un État, et c'est elle qui lui offre, aujourd'hui, la possibilité de construire des passerelles entre la France et le monde entier. Nous n'avons pas intérêt à enfermer qui que ce soit dans une identité réductrice, car c'est la force de la France que nous affaiblirions ainsi.
Il existe encore aujourd'hui un décalage entre l'idéal républicain et universaliste auquel nous adhérons et la situation difficile dont souffre une partie de la population nationale, notamment celle issue des départements d'outre-mer et de l'immigration, particulièrement celle concentrée en périphérie des zones urbaines.
J'ai souffert, tout à l'heure, en entendant comment certains d'entre vous parlaient des habitants qu'ils représentent. Je songe notamment à ceux qui évoquaient la Seine-Saint-Denis.