Découvrez vos députés de la 14ème législature !

Intervention de George Pau-Langevin

Réunion du 8 décembre 2009 à 15h00
Débat sur l'identité nationale — Reprise de la discussion

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaGeorge Pau-Langevin :

Il faut parler de l'esclavage, de la colonisation, de la collaboration, des guerres parfois sanglantes de la décolonisation.

Tout cela fait partie de notre histoire, tout cela révèle parfois l'intolérance, l'avidité excessive et l'exploitation de l'homme par l'homme, qui vont à l'encontre de l'idéal de la nation. En intégrant au récit national ces faits et ces éclairages qui, jusqu'alors, étaient sous-estimés ou passés sous silence, on permet le partage d'une mémoire, ce qui est très important pour des gens qui ont souvent eu l'impression de ne pas être intégrés à la mémoire et au récit nationaux.

Il ne s'agit pas de repentance : en chacune de ces heures sombres de l'histoire, il s'est toujours trouvé des Français pour défendre les idéaux de la France éternelle. Je pense, par exemple, à propos de l'esclavage, à Condorcet, à Mirabeau, à l'abbé Grégoire et à Schoelcher qui, toute leur vie, ont lutté pour la dignité de la personne humaine, pour l'égalité et pour la fraternité. (Applaudissements sur les bancs des groupes SRC et GDR.)

Sitôt aboli l'esclavage, en 1794, les révolutionnaires ont accordé la citoyenneté française aux hommes de l'outre-mer, sans distinction de couleur. Siègent, depuis lors, dans cet hémicycle, des représentants de la nation de toutes les couleurs. Je pense qu'ils seront encore plus nombreux demain, car il n'y a aucune raison que ce roman national, cette habitude française ne se perpétuent pas avec ceux qui sont devenus français ultérieurement.

Nous allons, je le crois, aller de l'avant. Nous allons faire en sorte que toutes les composantes de la population, issue d'une immigration qui l'a façonnée et qui fut, tout au long des XIXe et XXe siècles, italienne, slave, portugaise, maghrébine, africaine ou asiatique, soient parfaitement représentées. Nous savons que l'immigration procure des ressources à notre pays : elle lui fournit talent, force et jeunesse. Nous savons aussi – nous l'avons entendu tout à l'heure – qu'elle est parfois source de crispations et de populisme ; notre nation, diverse, peine parfois à accepter son altérité.

Nous avons lu ces fameuses contributions sur le site du ministère. Les énoncés du type « ils sont dix millions payés à ne rien foutre » nous ont rappelé d'autres moments de l'histoire et d'autres libelles haineux qui parlaient, à propos de l'immigration, de « l'immense flot de la crasse napolitaine […], des « tristes puanteurs slaves », de « l'affreuse misère andalouse », […] du « bitume de Judée... »

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion