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Intervention de Jean-Claude Guibal

Réunion du 8 décembre 2009 à 15h00
Débat sur l'identité nationale — Reprise de la discussion

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Claude Guibal :

Elle doit à la monarchie la forme de son territoire, le choix de sa langue et l'invention de l'État, géniteur et protecteur des Français.

Le siècle des Lumières, la révolution de 1789, les républiques successives ont forgé les valeurs – telle la laïcité – qui sont actuellement les siennes, et dessiné son organisation politico-administrative, y compris la sécurité sociale. Telle est, à très grands traits, la genèse de la nation dont nous avons le bonheur d'être les citoyens.

Aujourd'hui, je m'interroge. Cette France que j'aime peut-elle rester elle-même au milieu des influences puissantes et diverses qui l'assaillent ? Cette interrogation est au coeur de l'action politique, s'il est vrai que la spécificité de la politique est d'assurer la pérennité du groupe au sein duquel elle s'exerce.

Poser la question ne signifie pas faire un arrêt sur image en postulant la fin de l'histoire. L'identité est par nature évolutive. Pour être vivante, elle doit s'adapter aux changements du monde qui l'entoure.

Dès lors, il s'agit de savoir ce que nous voulons préserver d'essentiel pour assumer la permanence de notre identité. Plus précisément, il s'agit de savoir ce nous acceptons de changer dans notre modèle et, au contraire, ce que nous voulons approfondir.

J'évoquerai très rapidement certains points qui méritent une attention particulière. La mondialisation, c'est-à-dire la libéralisation des échanges de toute nature, à laquelle s'ajoutent les mutations technologiques, accentue la tendance à l'individualisme au détriment du sentiment d'appartenance à la nation, transforme les citoyens en consommateurs, remet en cause le rôle de l'État, et menace notre langue en même temps qu'elle accroît les flux migratoires.

Sur ce plan, je m'en tiendrai à trois remarques. La première concerne la langue, dont je n'oublie pas qu'elle est la seconde patrie. Souvenez-vous aussi de Bonaparte qui disait : « La France, c'est le français quand il est bien écrit. » On pense en fonction de sa langue, de ce qu'elle est et de la manière dont on la maîtrise. Nous ne pouvons la laisser s'atrophier ou se dénaturer.

La seconde concerne les flux migratoires, d'où qu'ils viennent. Leur maîtrise doit tenir compte de l'adhésion des migrants à l'histoire – ce qui implique qu'on la leur enseigne –, aux symboles, aux valeurs et aux lois de la France, et aussi de leur volonté de partager le destin de ce pays.

Par ailleurs, notre conception de la laïcité ne doit pas faire de la religion un obstacle, tant que celle-ci n'est pas instrumentalisée.

Ma troisième remarque porte sur la perte des repères par les individus. Plus les frontières s'effacent, plus les individus ont besoin de retrouver leurs racines, la terre où ils sont nés, l'histoire de leurs ancêtres, les valeurs dont ils héritent et qu'ils ont à transmettre – en résumé, ce qui fonde leur identité et légitime la question de l'identité nationale.

La construction nécessaire de l'Europe nous amène aussi à nous poser la question de savoir ce que, parmi les éléments constitutifs de notre identité, nous n'accepterions pas qu'elle remette en cause.

Cela peut concerner cet inquiétant déni de réalité historique qui a amené les constituants à refuser d'acter ne serait-ce qu'une référence au contexte judéo-chrétien dans lequel se sont développés nos pays.

Cela peut concerner aussi l'extension du droit anglo-saxon au détriment de notre tradition de droit écrit, la tentative de supprimer les forces de l'ordre à statut militaire, ou encore la généralisation des normes de constructions nordiques pourtant inadaptées à nos territoires méridionaux.

Quant à moi, je ne souhaite pas que l'Europe soit synonyme d'accroissement de l'entropie. Je ne souhaite pas non plus qu'elle se transforme en un trou noir absorbant l'identité des nations qui la composent, qui font sa richesse et qui ont engendré des cultures de valeur universelle.

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