Le gouvernement coréen a décidé que l'industrie aérospatiale serait une industrie stratégique qu'il développerait au cours de la prochaine décennie.
Il ne faut jamais sous-estimer les Coréens. Dans les années 1960, ils ont réussi à se doter en quelques années de chantiers navals. Ensuite, ils se sont tournés, avec succès, vers l'électronique. Pour le programme d'hélicoptères, l'industrie coréenne a néanmoins souhaité conclure un partenariat avec un constructeur expérimenté qui interviendrait en tant que sous-traitant.
Après beaucoup d'hésitations, nous avons décidé de répondre favorablement à cette demande. De toute façon, les Coréens auraient trouvé quelqu'un pour travailler avec eux : autant que ce soit nous ! En participant, nous pouvons contrôler les technologies auxquelles ils ont accès. Par ailleurs, nous souffrons d'une lacune dans notre gamme de produits : dans la classe des appareils de 10 à 12 tonnes, nous avons l'EC 225 et l'EC 725, mais nous ne disposons pas de modèle de 9 tonnes correspondant au Puma. Nous avons donc conclu un accord avec les Coréens, en vue d'une participation minoritaire dans leur programme. L'exportation de l'hélicoptère sera en revanche assurée à part égale par Eurocopter et les Coréens.
Tant que nous n'avons pas dans notre propre gamme un modèle susceptible de remplacer les Puma, qui volent aujourd'hui principalement en Afrique, nous devons proposer une offre à relativement bas coût, de manière à éviter que la concurrence ne s'empare du marché.
Pour l'instant, le programme se déroule comme prévu. Le premier prototype a été lancé en juillet dernier. En janvier aura lieu le premier vol avec les autorités coréennes. Il faudra ensuite que celles-ci donnent leur approbation. Des tests au sol ont déjà été effectués, avec succès. Il s'agit d'un modèle basique, et nous souhaitons qu'il ne devienne pas trop sophistiqué, afin que les transferts de technologie aux Coréens restent limités.
La marine allemande possède deux types d'hélicoptères : les Lynx, embarqués sur les frégates, et les Sea King, beaucoup plus gros que les NH 90, qui sont utilisés pour les missions de sauvetage et pour les transports de marchandise ; ils assurent le même type de missions que les Super Frelon français.
Lorsque la marine allemande a acheté ces hélicoptères il y a vingt ans, elle aurait dû également acquérir, à l'instar des autres armées allemandes, le Bell UH-1D, mais elle a finalement réussi à obtenir un modèle spécifique. Elle essaie de faire la même chose aujourd'hui : elle cherche un appareil plus gros pour remplacer le Sea King et elle s'intéresse au Sikorsky CH-148¸ développé pour le Canada.
Il existe actuellement deux positions en Allemagne. L'état-major des armées est favorable au NH 90 parce qu'il souhaite limiter la diversité de la flotte allemande et parce que l'Allemagne a participé à la définition de cet appareil : sa taille, en particulier, a été réduite pour s'adapter aux bateaux allemands et néerlandais, alors que les autres pays auraient préféré un appareil plus gros. La marine, au contraire, estime qu'il faut revenir sur ce qui a été décidé il y a dix ans.
J'ignore comment les choses vont évoluer, car le secrétaire d'État a changé, le chef d'état-major des armées a démissionné jeudi dernier et un nouveau chef d'état-major de la marine sera nommé en mars. D'ici là, rien ne sera décidé. Je trouverais pour ma part scandaleux que les Allemands décident de ne pas tenir compte de leur propre industrie de défense.