Les problèmes rencontrés actuellement par Eurocopter ne sont aucunement liés à la dualité, militaire et civile, de son activité. Nous remportons toujours chaque année plus de 50 % du marché mondial dans le secteur public et parapublic, bien qu'il existe six grands constructeurs d'hélicoptères dans le monde.
Durant la première moitié de la décennie, nos ressources techniques ont été absorbées par le NH 90 et le Tigre. Il ne s'agissait pas tant d'un manque d'investissements que d'un manque d'ingénieurs. Depuis que j'ai pris la direction de l'entreprise, le budget pour la recherche et le développement a augmenté chaque année de 20 à 40 %, et cela continuera malgré la crise. La pire chose à faire en situation de crise serait d'économiser au détriment de l'avenir.
Nous n'avons pas abandonné le marché civil puisque nous avons développé l'EC 175 qui lui est uniquement destiné. Il réalisera son premier vol en décembre, comme convenu il y a cinq ans, sans que le programme ait pris un jour de retard. Il est issu d'une coopération strictement industrielle avec la Chine.
D'une manière générale, nous croyons aux produits à double usage. Nous souhaitons développer des hélicoptères composés d'un tronc commun, auquel s'ajoutent des modules spécifiques, permettant de travailler en milieu pétrolier, de réaliser des opérations de sauvetage ou d'assurer des missions militaires. Voilà la formule qui marche !
Notre principal problème aujourd'hui tient au fait que les Italiens bénéficient de fortes subventions publiques, ce qui leur donne un avantage compétitif. C'est pourquoi nous nous félicitons de l'initiative du gouvernement français pour le Caracal ; sans elle, nous serions en grande difficulté.
En ce qui concerne l'Allemagne, elle n'a pas les moyens de faire cavalier seul. Contrairement aux forces françaises, les forces allemandes utilisent depuis 35 ans des hélicoptères lourds qui dépassent largement les Super Puma. Ils ont été construits par Sikorsky, mais nous sommes chargés de leur modernisation. Ils seront retirés de la circulation entre 2020 et 2030.
Les Allemands sont en train d'étudier les spécifications d'un hélicoptère de remplacement. Un besoin franco-allemand, exprimé par le BWB allemand et la DGA française, a été proposé à l'agence européenne de défense. Les deux parties ont voulu s'assurer que le produit correspondait aux exigences de l'OTAN, afin de bénéficier d'un budget et de clients supplémentaires. Les Allemands ne feront pas le programme seuls ! Le scénario privilégié est de mettre en place un programme de développement transatlantique franco-allemand, qui tienne compte des besoins de l'armée américaine. L'Allemagne souhaite acheter 60 hélicoptères et la DGA a indiqué que la France pourrait en commander entre 20 et 25. Ce nombre est pourtant trop réduit pour développer un programme pour ces deux seuls clients, ni a fortiori pour un seul d'entre eux. Et ce n'est pas en s'adressant à la Belgique, qui a besoin de deux appareils, ou au Danemark, qui en souhaite quatre, qu'il sera possible de faire l'économie d'un programme transatlantique franco-allemand ! D'ailleurs, je ne crois pas que l'Allemagne le souhaite.