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Intervention de Lutz Bertling

Réunion du 1er décembre 2009 à 17h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

Lutz Bertling, président d'Eurocopter :

C'est un grand honneur pour moi d'être reçu par la commission de la défense nationale et des forces armées pour parler d'Eurocopter.

Je souhaite avant tout vous remercier d'avoir alloué une part du grand emprunt national à l'hélicoptère du futur, dans le cadre d'un programme européen de démonstrateurs de technologies de rupture. Cette décision, d'une importance majeure pour l'avenir d'Eurocopter et de ses fournisseurs, comme Turbomeca, n'aurait pas été possible sans le soutien de nombreux parlementaires, en particulier des commissaires de la défense, sous l'impulsion du président Teissier.

Dans mon propos liminaire, je présenterai rapidement Eurocopter, son organisation, ses implantations et ses activités.

Je répondrai ensuite à vos questions sur les défis auxquels Eurocopter doit faire face en cette période de crise, sur l'aéromobilité en général et sur les programmes Tigre et NH 90 en particulier, ainsi que sur nos prévisions concernant l'industrie de l'hélicoptère en Europe, notamment s'agissant de la relation industrielle franco-allemande. Je m'exprimerai alors en anglais, afin de vous répondre le plus précisément possible.

Filiale à 100 % d'EADS, Eurocopter est devenu au fil des ans l'un des tout premiers acteurs du secteur des hélicoptères dans le monde et l'un des plus grands constructeurs aéronautiques français et européens. Issu en 1992 de la fusion des divisions hélicoptères du français Aérospatiale et de l'allemand Deutsche Aerospace, Eurocopter est une société intégrée depuis plus de dix-sept ans, soit deux fois l'âge d'EADS. Dans certains domaines, elle fait office de référence au sein d'EADS, en particulier en ce qui concerne son niveau d'activité dans le support et les services ou son déploiement international.

Reposant sur trois piliers nationaux, français, allemand et, plus récemment, espagnol, Eurocopter a triplé son activité depuis le début de la décennie. Elle emploie aujourd'hui plus de 16 000 personnes, dont 8 000 en France et 5 000 en Allemagne ; dispose de 24 filiales et participations dans le monde et a enregistré un chiffre d'affaires de 4,5 milliards d'euros en 2008 pour 588 appareils livrés.

En France, Eurocopter fait partie intégrante du tissu économique et industriel national, avec ses deux sites de Marignane, dans les Bouches-du-Rhône, et de La Courneuve, en Seine-Saint-Denis. Le site de Marignane, qui abrite également le siège social de la société, est le premier employeur privé du département et le huitième site industriel en France. La société entretient en outre un important réseau de fournisseurs, constitué en grande partie de PME et de PMI françaises, qui ont fourni 68 % des achats de l'entreprise en 2008 et créé l'équivalent de 25 000 emplois. Enfin, Eurocopter contribue à l'amélioration de la balance commerciale française avec plus de 2,1 milliards d'euros d'exportations en 2008.

Ses activités se répartissent en trois grandes catégories. Tout d'abord, la conception et le développement d'hélicoptères : nous employons plus de 1 200 ingénieurs pour la recherche et le développement afin de rester à la pointe de l'innovation et de la technologie ; nous assurons également les essais en vol et la certification des produits développés, grâce à trente pilotes d'essais et soixante ingénieurs navigants qui effectuent près de 5 000 heures de vol par an.

Ensuite, l'industrie et la production : nous fabriquons une grande partie des éléments de nos hélicoptères, dont les pâles, la structure et les ensembles dynamiques, et nous effectuons leur assemblage final dans nos sites de Marignane en France, de Donauwörth en Allemagne, et d'Albacete en Espagne, ainsi que sur ceux de quelques-unes de nos filiales à l'international, notamment aux États-Unis, en Australie et au Brésil.

Enfin, nous assurons le soutien de nos hélicoptères partout dans le monde, ce qui représente une flotte de près de 10 700 appareils répartis dans plus de 140 pays. Cela comprend aussi bien la fourniture de services classiques comme les pièces détachées, la révision, la réparation, la formation, l'assistance technique, que celle de services plus évolués, couvrant ainsi la totalité des besoins de nos clients. Cette activité s'appuie sur un réseau mondial, unique dans notre industrie, comprenant 95 centres de maintenance, 27 distributeurs de pièces détachées, 14 centres de formation et trois plateformes régionales, en Asie, en Europe et en Amérique du Nord.

Eurocopter possède la gamme d'hélicoptères civils et militaires la plus vaste au monde, allant du monomoteur léger, comme l'Écureuil, au bimoteur lourd, comme le Super Puma, en passant par les hélicoptères spécialisés comme par exemple le Caracal, le Tigre ou le NH 90. Ces appareils, dont la liste est trop longue pour être intégralement citée, sont capables d'assurer une très large panoplie de missions civiles que ce soit du transport privé, du transport sanitaire et médical, des missions de recherche et de sauvetage, des travaux aériens, des interventions sur les plateformes pétrolières ou des missions de police, de sécurité civile et de surveillance des côtes. Ils assurent également des missions militaires : reconnaissance, transport de troupes, combat antichar, surveillance terrestre…

Certains de ces hélicoptères ont été codéveloppés ou coproduits dans le cadre d'accords de coopération internationale avec des partenaires du monde entier. Parfois, ces accords font suite à des engagements de compensation industrielle liés à la signature d'importants contrats commerciaux gouvernementaux, comme avec le Brésil. Dans d'autres cas, ils découlent de la nécessité de partager entre plusieurs partenaires le poids financier de programmes de développement de plus en plus complexes et coûteux. Au final, cette tradition de coopération internationale a permis à Eurocopter de développer une gamme très étendue d'hélicoptères et de remporter de multiples succès à l'exportation, ce qui a largement contribué à sa croissance.

Les bases économiques et industrielles d'Eurocopter sont donc saines ; elles lui ont permis de devenir le leader mondial de l'industrie de l'hélicoptère, notamment dans le secteur civil et parapublic ; Eurocopter détenant, en volume, 51 % du marché en 2008.

Toutefois, la société se trouve aujourd'hui confrontée à de très importantes difficultés, faisant peser des incertitudes sur son avenir et sa capacité de développement. Elle est confrontée à cinq défis, conjoncturels ou structurels, qu'elle devra impérativement relever si elle souhaite conserver ses chances de croissance : la crise du marché civil et parapublic, le renforcement de la concurrence notamment italienne et américaine, le poids des programmes gouvernementaux, la dégradation de sa compétitivité et de ses performances, et, enfin, l'augmentation disproportionnée des coûts de structure qui s'accompagne de la complexification des processus de décision.

Pour y faire face, j'ai décidé, en accord avec le comité exécutif, de lancer un nouveau programme de transformation de notre société. Baptisé Shape, il est organisé autour de trois modules : Save, c'est-à-dire économiser, Improve, c'est-à-dire améliorer, et Invest, c'est-à-dire investir. Ce programme vise à permettre à Eurocopter de passer le cap de la crise tout en assurant son avenir et sa capacité de croissance. Shape comprend ainsi diverses mesures d'économies et d'ajustement à court terme, dont l'objectif est de donner à Eurocopter les moyens de sortir de la crise et de dégager les liquidités nécessaires au financement d'un ensemble d'investissements destinés à préparer l'avenir.

La capacité d'Eurocopter à réaliser ces investissements est cruciale car ils lui permettront de rester à la pointe de la technologie et de proposer à ses clients une nouvelle gamme de produits et de services innovants. Les économies réalisées grâce au module Save permettront, dans le cadre du module Invest, d'investir davantage dans l'outil industriel et d'accroître, malgré la crise, la capacité d'autofinancement des programmes de recherche et de technologie de plus de 20 % pour dépasser 50 millions d'euros en 2010. Enfin, Shape prévoit des mesures visant à rendre notre organisation et nos processus de décision plus rapides et plus efficaces, ainsi qu'à pérenniser les progrès réalisés.

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