Ce dernier point, j'y insiste, est contraire à la volonté officieuse de la France d'intégrer le nucléaire dans les plans nationaux de réduction pour les pays du Sud ; à notre avis, le nucléaire est l'option la plus dangereuse, la plus chère et la moins efficace pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. (« Non ! » sur quelques bancs du groupe GDR. – « C'est faux ! » sur plusieurs bancs du groupe SRC.)
Quant aux mécanismes de flexibilité, mécanismes de marché que j'ai évoqués, ils sont devenus des échappatoires et des moyens de compensation qui évitent aux pays industrialisés de réaliser des efforts nationaux de réduction des émissions.
Dans l'Union européenne, par exemple, 60 % du volume de réduction provient de compensations cumulées jusqu'en 2020, ce qui est proprement scandaleux. Il est question, à Copenhague, de créer éventuellement un marché mondial des indulgences à l'avantage des pays riches – et nous nous y opposerons de toutes nos forces. Le marché actuel des quotas de carbone au niveau européen est l'exemple même de ce qu'il ne faut pas faire. On connaît le prix dérisoire de la tonne de carbone, qui se négocie autour de 17 euros : il faudrait qu'elle soit au moins dix fois plus chère pour que les industriels soient réellement incités à changer leurs comportements. Malheureusement, sous la pression des différents lobbies des énergies fossiles et de certains savants fous, d'autres élaborent des échappatoires technologiques insensées, telles que les projets de captage et de séquestration du carbone, l'ensemencement des océans pour multiplier le phytoplancton, l'envoi de soufre dans la stratosphère et autres délires technologiques. Ces personnes, qui promeuvent une mythologie de la nature réparée par la géo-ingénierie, ont un comportement semblable à celui des staliniens qui, il y a une soixantaine d'années, voulaient dévier les fleuves afin de parfaire l'oeuvre de la nature.