Autour du prix unique, en effet, grâce à cette régulation intelligente, la diversité culturelle a pu se développer en évitant les drames connus par d'autres secteurs, comme le disque où la diversité a été détruite par le discount.
La mobilisation unanime de tous les acteurs du livre, prolongée par la démarche courageuse de notre rapporteur Hervé Gaymard et des socialistes, a fait reculer des propositions législatives qui revenaient de manière insidieuse à casser cette diversité de création au profit de discounters qui ne pensent, comme certains d'entre vous, qu'en parts de marché.
Aujourd'hui, ce texte de loi permet de répondre au raccourcissement des délais de paiement qui, s'il était appliqué, interdirait aux libraires de conserver les ouvrages de référence à la disposition du public et fragiliserait définitivement l'édition de création.
Il faut permettre aux libraires de présenter au public l'ensemble de la production éditoriale sur le temps long, car le temps long est celui du livre. De fait, 80 % des livres vendus en librairie sont parus il y a plus d'un an, et ils représentent 50 % du chiffre d'affaires des libraires. Et puis, il faut laisser une deuxième chance au Président de la République de découvrir en librairie La Princesse de Clèves ! (Rires sur les bancs des groupes SRC et GDR.)
Nous vivons à l'ère de l'internet et de la communication virtuelle. Cela est bien, mais que valent ces stupéfiantes inventions sans les livres ? Un support électronique n'aura jamais le goût, la couleur ou la sensation d'un livre. Bien sûr, il peut y avoir d'autres supports, chers collègues, mais il y a une dimension anthropologique – je crois que c'est Dominique Wolton qui le dit. Et puis, le livre, c'est un objet personnel, attachant, très fortement chargé émotionnellement.
La littérature est un des moyens pour les hommes et les femmes de notre temps d'être entendus dans leur diversité et, permettez-moi de le dire, d'être exprimés dans notre identité. Cette identité-là, je le sais, n'est pas dans les fiches de M. Besson !
La culture est notre bien commun. Pour cela, le livre est, dans tout son archaïsme, l'outil idéal, et le rôle du libraire dépasse celui du simple vendeur : c'est un passeur de textes.