Je voudrais à mon tour vous interroger, monsieur le ministre, sur l'accompagnement de ces restructurations, mais cette fois sur le plan industriel. En ce qui concerne les personnels, je ferai simplement remarquer que les collectivités sont déjà très sollicitées, et que tous ces postes ne sont pas tous transférables même si des personnels détiennent parfois une compétence utile pour les collectivités.
Sur le plan industriel, ces restructurations posent trois sortes de questions.
La partie de l'enveloppe réservée à vos services pourra-t-elle être augmentée au bénéfice de ces sites en restructuration ?
Deuxièmement, les entreprises touchées par les restructurations européennes bénéficieront-elles d'un accompagnement de l'État en termes de formation professionnelle ?
Troisièmement, la volonté de l'État d'externaliser certaines fabrications fragilise l'emploi et la production dans notre pays au moment où celui-ci restructure sa défense. Il faudrait que la direction générale pour l'armement (DGA) ou les services en charge de l'industrie engagent une réflexion sur le potentiel industriel de notre pays, afin que ces externalisations ne se traduisent pas par des délocalisations d'activité.
Je souhaiterais qu'on réfléchisse également aux charges des entreprises d'État ou qui travaillent pour la défense nationale, tels Safran ou Dassault. Au moment où nous fragilisons nos compétences industrielles, la politique très volontariste de l'État espagnol, qui a massivement investi dans les nouvelles technologies, notamment en matériaux de défense, permet à l'Espagne de venir concurrencer notre savoir-faire industriel militaire sur des marchés essentiels ; on l'a vu lors de la négociation sur l'A400M.
Il serait intéressant de dresser, dans le cadre du débat lancé par le Président de la République sur notre politique industrielle et du lancement du grand emprunt, une liste des technologies critiques de notre pays.
Il serait nécessaire, monsieur le ministre, d'engager, avec le ministre de la défense et celui de l'industrie, une réflexion de long terme sur les axes de la politique industrielle. En ce qui concerne, par exemple, les ateliers industriels de l'aéronautique ou le domaine de la maintenance, l'impact des décisions qui sont prises aujourd'hui se fera en effet sentir dans dix ans.