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Intervention de Guillaume Boudy

Réunion du 25 novembre 2009 à 9h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Guillaume Boudy, secrétaire général du ministère de la culture et de la communication :

Concernant la question de Mme de Panafieu relative à la frontière entre le public et le privé, il faut d'abord se rappeler que les deux ont, de tout temps, contribué à la création, à la diffusion, voire à la préservation du patrimoine culturel. Le problème de la clarification des frontières impose donc à l'État d'être totalement transparent et neutre dans l'accès à son patrimoine et de définir clairement ce qui est gratuit et ce qui ne l'est pas, ce qui relève du service public et ce qui relève d'une logique commerciale. Nous devons tous travailler à cette clarification, avec l'ensemble des partenaires, car le terrain de jeu est le même pour tous.

À cet égard, la pratique culturelle des jeunes n'est pas la même que la nôtre. Leur monde, c'est l'écran. Aussi convient-il, pour permettre l'accès aux grandes oeuvres, tant françaises qu'internationales, de la littérature, aux grands musées et aux divers éléments du patrimoine, de se trouver sur les lieux de passage de cette culture d'écran.

Pour autant, il ne faut pas perdre notre âme. Aussi devons-nous, tout en étant présents sur les autoroutes de l'information, être capables d'avoir des sites de référence. C'est l'objet de la réflexion que nous menons, à la demande du ministre, sur la définition des pôles de référence publics qui, demain, seront les adresses favorites des internautes français. Lorsque ceux-ci s'adresseront à de grands moteurs de recherche comme Yahoo ou Google, ils devront tomber sur ces sites de référence dans lesquels l'information – et c'est le devoir de l'État – sera à la fois fiable, scientifiquement validée et éloignée, à la différence de certains sites, de toute coproduction privée dans laquelle on trouve le meilleur comme le pire.

Pour ce qui est de la démocratisation évoquée par M. Debré, il est vrai que le formidable espace qui nous est ouvert peut donner l'impression que le numérique permet de démocratiser l'accès à la culture. Tel n'est malheureusement pas le cas – je vous renvoie à cet égard à l'excellente étude de M. Donnat au nom du ministère. Comme le rappelle régulièrement le ministre, il faudra un guide dans cette grande bibliothèque, musée, centre de culture universel, et cela le plus tôt possible. Cela souligne l'importance du rôle du ministère de l'éducation nationale et des formateurs, et explique l'investissement de notre ministère en matière d'éducation artistique et culturelle.

Le ministre, dans un discours prononcé en Avignon vendredi dernier, a tracé les axes de son action, lesquels seront nourris tant par les conclusions des différentes missions en cours que par le travail collectif que nous menons avec l'ensemble des acteurs pour définir un plan d'action. Cette grande ambition portée par le ministère implique à la fois un travail d'organisation des acteurs, en particulier à l'échelon européen – car on ne peut vouloir la mobilité des biens et des personnes sans vouloir l'accès aux contenus culturels – et, bien entendu, des moyens budgétaires. C'est la raison pour laquelle Frédéric Mitterrand tente d'obtenir des moyens au titre du Grand emprunt. Il serait dommage qu'une stricte logique de rentabilité à court terme nous prive d'une telle possibilité, sachant que les contenus culturels numériques constituent, au même titre que l'éducation, un investissement indispensable en faveur des jeunes et des générations futures.

Qui plus est, la rentabilité – quelques pays, dont les États-Unis, l'ont démontré – implique d'investir massivement pour développer les contenus, car rien ne sert de disposer d'autoroutes numériques s'il n'y a pas de contenus derrière. Un problème juridique devra à cet égard être résolu, celui de savoir comment les créateurs pourront continuer de fournir – et être rémunérés à cet effet – des contenus qui seront ensuite réutilisés, avec l'appui de tout un secteur économique.

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