Sans nier les avantages de la numérisation, celle-ci comporte tout de même quelques dangers, tant pour la littérature que pour la recherche, car un moteur de recherche hiérarchise ses résultats en fonction de la fréquence des mots clés employés. Si ce système est transposé à une bibliothèque numérique, les ouvrages pertinents ne risquent-ils pas de disparaître sous l'accumulation des best-sellers ?
Si les bibliothèques publiques ont une éthique qui les oblige à présenter la diversité des opinions, une entreprise privée n'a pas à soumettre son action à un objectif d'intérêt général. Si une telle entité, dont le principal moteur est la performance économique, devient un acteur majeur de la numérisation, ne risque-t-on pas, en l'absence de toute régulation, de ne plus voir privilégier la pluralité des points de vue ?
Enfin, il me semble que la lecture relève d'un acte intime. Or, la numérisation et l'usage abusif d'Internet permettent d'enregistrer et de rendre publiques les préférences de chaque utilisateur.