Découvrez vos députés de la 14ème législature !

Intervention de Roland Muzeau

Réunion du 26 novembre 2009 à 15h00
Grand paris — Article 2, amendement 273

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaRoland Muzeau :

Avec l'intervention de mon ami Pierre Gosnat, vous l'aurez compris : nous nous opposons à la logique qui sous-tend la création du réseau prévu à l'article 2.

Relier les seuls pôles de développement jugés stratégiques au coeur de la capitale ne constitue pas un projet cohérent de développement du territoire francilien. Vous devriez pouvoir l'entendre.

Comment accepter que la Défense, Saclay, Roissy et Orly bénéficient d'une desserte rapide et que le reste du territoire francilien soit marginalisé et délaissé, sans que les communes traversées aient leur mot à dire sur le tracé du réseau ?

En petite et grande couronne, certaines villes seront traversées – et seulement cela –, mais leurs habitants ne bénéficieront pas de l'accès à une gare de proximité. Pouvez-vous nous dire en quoi ce réseau destiné en priorité – comme chacun sait – aux voyageurs d'affaires, dont le coût sera supporté par les contribuables, améliorera les trajets de l'immense majorité des salariés souhaitant se rendre sur leur lieu de travail ?

En outre, rien dans ce projet de loi n'assure que ce réseau sera accessible au même tarif que la carte Orange. Êtes-vous prêt à vous engager sur ce point, ou ce réseau sera-t-il réservé aux classes les plus aisées ? Monsieur le secrétaire d'État, je sais que vous nous répondrez avec précision.

La dimension écologique est également la grande absente du réseau ébauché à cet article, car le manque de coordination avéré avec les réseaux de transports en commun existants poussera inévitablement les voyageurs à utiliser encore un peu plus leur voiture.

Vous le savez, un tel chantier risque d'engloutir les financements publics sans répondre à la saturation du réseau de métros et de RER, sans diminuer les retards et l'allongement des temps de trajet dont souffrent les habitants d'Île-de-France.

La question du financement de ce réseau Grand Paris n'est aucunement réglée dans le projet de loi. Et pour cause ! Les propositions du rapport Carrez, dont certaines allaient dans le bon sens, ont tout simplement été mises au placard.

Aucune étude sérieuse ne vient appuyer l'idée d'une plus-value foncière autour des gares, qui serait de nature à financer la construction du réseau. Au contraire, Gilles Carrez a souligné son caractère illusoire et aussi le fait que les dépenses de fonctionnement n'étaient aucunement couvertes.

Le STIF sera ainsi condamné à financer une infrastructure qu'il n'a pas souhaitée, et qui pourrait mettre en péril son équilibre financier.

Monsieur le secrétaire d'État, pour financer la construction et l'exploitation du réseau, le Gouvernement ira prendre dans les poches des collectivités territoriales et des usagers. Cela nous semble inéluctable.

Les élus et les habitants craignent que ce projet concurrent du plan de mobilisation de la région ne justifie un désengagement financier de l'État. Malgré les engagements pris, le Gouvernement persiste à bloquer son concours au plan de modernisation des transports qui a été accepté, y compris par les départements gérés par vos amis.

Les Franciliens ne sont pas dupes : ils comprennent que cela va leur valoir plusieurs années supplémentaires de cette éternelle galère des transports.

Il n'est pas acceptable que le Syndicat des transports d'Île-de-France, compétent pour l'organisation des transports depuis l'ordonnance de 1959, soit totalement écarté de la conception de ce réseau. Son expérience et son savoir-faire sont indispensables pour parvenir à un maillage cohérent de la région.

Nous refusons qu'un schéma de transport indépendant de celui existant soit décidé arbitrairement par la Société du Grand Paris. C'est l'assurance d'un réseau de transport inefficace, mais surtout injuste.

Pour empêcher l'instauration d'un système de transport inique, coûteux et qui ne répond pas aux besoins des habitants, je demande la suppression de l'article 2. (Applaudissements sur les bancs des groupes GDR et SRC.)

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion