Pourtant, en matière de transports la région parisienne est dans une situation de totale asphyxie, incomparable avec ce qui se passe en province. Il y a donc bien un problème, et j'ai eu l'occasion de dire en commission – car, monsieur Paternotte, je participe à ses réunions – que, pour une fois, on considère que ce qu'on fait pour la région parisienne n'est pas fait contre la province.
La question, aujourd'hui, est de savoir si les financements doivent être attachés à un projet spécifique ou plutôt intégrés dans une vision globale de l'amélioration des transports ? L'étanchéité des financements a en effet de quoi nous inquiéter, tous les efforts risquant de porter sur un seul projet.
Je pense, monsieur le secrétaire d'État, que votre conception d'un recours à l'emprunt, sur le modèle du métropolitain de Paris, est juste, car il est normal qu'un grand réseau maillé soit payé sur plusieurs décennies. Mais pourquoi consacrer cet emprunt au seul « grand huit » et non à l'ensemble du réseau maillé ? De même, pourquoi ne pas reprendre les idées développées par la commission Carrez, à laquelle j'ai participé, comme le recours au versement transport ou à la restitution du FARIF ? Vous séparez les choses, et cette étanchéité-là me fait craindre le pire. Vous allez pomper les financements et laisser de côté le réseau ancien.
Cela me fait penser à deux ou trois choses que nous avons connues dans la période récente. Pour répondre à la grande souffrance des transports parisiens, deux ou trois plans ont été élaborés – la ligne 14, la ligne Éole – et on a laissé tomber tout le reste. Pour la création d'Euro-Disneyland, la décision de réaliser onze kilomètres supplémentaires pour permettre à la ligne A de rejoindre Euro-Disneyland a été prise en à peine six ou sept mois. Pendant ce temps, tous les réseaux de transport souffraient. Et j'ai le sentiment que c'est le même problème que nous allons de nouveau rencontrer avec le « grand huit » : vous allez privilégier cette réalisation au détriment de tout le reste.
S'agissant du STIF, il y a certes le problème de la gouvernance, mais vous n'avez pas évoqué le fait qu'il a bien été dit, à l'occasion d'un débat antérieur, que les actifs du STIF seraient transférés à la RATP. Cela n'apparaît plus dans le texte. Mais un amendement propose l'éclatement de la RATP.
Nous sommes donc devant une logique qui nous fait craindre le pire, y compris, à terme, la privatisation du réseau « grand huit ». (Applaudissements sur les bancs du groupe GDR.)