Mais une politique ne se mesure pas uniquement à l'aune des moyens consentis ; elle s'incarne aussi dans le cadre juridique et économique mis en place. Je pense, par exemple, à la création d'un statut d'éditeur de presse en ligne pour favoriser le développement de ces nouveaux acteurs qui, nés sur internet, contribuent pleinement aujourd'hui au pluralisme des expressions. Je pense aussi au code de déontologie dont je parlais tout à l'heure, code que doivent désormais s'approprier journalistes et éditeurs. Je pense enfin à l'avenir du lectorat de presse, que nous voulons garantir en initiant les plus jeunes à la lecture de quotidiens d'information politique et générale. Le succès évident de l'opération « Mon journal offert » l'atteste : nous avons eu raison d'investir pour offrir à 200 000 jeunes de dix-huit à vingt-quatre ans un abonnement d'un an à l'un des soixante quotidiens qui participent à cette opération.
Dans le secteur des médias, nous avons fait le choix de conforter les acteurs par un cadre juridique adapté au développement de leur économie. Le système que vous nous proposez va à l'encontre de cet objectif : il gênerait la vie des entreprises sans apporter de réelle avancée en termes d'indépendance. Il faut en effet le rappeler : la première des garanties d'indépendance des médias, c'est un bilan sain et un compte de résultat positif.
Je veux également vous dire qu'il faut arrêter de prendre les Français pour des enfants. Votre proposition de loi part du principe que nos concitoyens ne sauraient pas choisir leurs médias ni en décrypter les messages. Quelle condescendance de votre part ! Quels étranges amis vous faites !
Selon l'autre postulat de votre texte, la liberté d'expression serait menacée dans notre pays : quelle démagogie, pardon de vous le dire !