Sur le fond, il faut rappeler que l'Union indienne est en manque dramatique d'énergie électrique, comme l'a souligné notre rapporteur. Il faut savoir que les générateurs sont actuellement sa source d'alimentation principale et qu'elle n'a pas de pétrole. La croissance du nucléaire est par conséquent pour elle une nécessité vitale, compte tenu de son niveau de croissance économique. En ce qui concerne la bombe atomique, je rappellerai aussi qu'ils n'ont eu besoin de personne pour l'avoir depuis le début des années 70 : les découvertes majeures de la recherche atomique indienne remontent aux débuts du XXe siècle, et l'Inde n'a pas besoin d'un accord avec la France pour cela. C'est une puissance nucléaire établie.
Cela étant, le rapport indique qu'en février 2009, AREVA a signé un accord avec la NPCIL. J'avais été à l'époque très étonné de l'annonce de la vente d'un réacteur parce qu'on avait signé cet accord. Je me suis renseigné auprès de la NPCIL et il apparaît que l'on s'est, en fait, simplement accordé pour éventuellement entamer des discussions avec la France, qui pourraient déboucher sur un contrat ; ce n'est pas du tout la même chose, d'autant que, en même temps, les Indiens négocient avec d'autres partenaires, les Etats-Unis notamment. Nous avons trop tendance à confondre signature d'accords et annonces commerciales. On a rejeté Siemens dans les bras russes, etc. Il faut faire attention, d'autant qu'on connaît les difficultés actuelles d'AREVA. Tout cela coûte cher, d'autant qu'on est aussi face à des problèmes de gestion de matière nucléaire, y compris le plutonium. Ce qui s'est passé, par exemple, à Cadarache est extrêmement sérieux : je rappelle qu'on a retrouvé dix kilos de poussières de plutonium ! Par comparaison, ce qui s'est passé au niveau des matières nucléaires russes perdues dans l'ancien empire soviétique était de la rigolade !
Par ailleurs, sur la construction de deux EPR, il ne faut pas oublier qu'il y a des difficultés telles que les pénalités de retard atteignent maintenant le montant du contrat et AREVA en est à se défausser et dire que les partenaires finlandais en matière de travaux publics ne sont pas fiables ! C'est sans précédent, compte tenu de la réputation des Finlandais qui n'est plus à faire, d'autant que la Cogema, ancien nom d'AREVA, était connue comme le loup blanc sur le secteur pour être elle irresponsable ! Il faudrait peut-être que nous réussissions à construire un EPR et à le faire marcher, si possible avant un délai de deux ans de retard, avec de telles pénalités, avant d'essayer d'en vendre. Ces remarques faites, cet accord est évidemment souhaitable, c'est remarquable.