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Intervention de Yvette Roudy

Réunion du 4 novembre 2009 à 16h00
Mission d’information sur la pratique du port du voile intégral sur le territoire national

Yvette Roudy :

Quand une question semble très compliquée, il faut la simplifier. J'ai eu un grand maître en ce domaine : François Mitterrand. Il disait que lorsque l'on doit choisir entre plusieurs principes, il faut retenir le plus élevé.

Je vous ai énuméré un certain nombre d'arguments. Mais n'en utilisez qu'un : celui de l'inégalité entre hommes et femmes – le principe de l'égalité entre hommes et femmes figurant dans la Constitution. Ne vous laissez pas embarquer sur d'autres terrains, comme celui du complexe néocolonialiste ou celui de la culpabilité. J'ai discuté avec le président de la Ligue des droits de l'homme, et cela s'est très mal passé. Selon lui, il ne faudrait pas stigmatiser les musulmans. Pourquoi ? Seraient-ils si fragiles ? N'oublions pas que nous sommes en République, dans un État de droit.

Dans cette affaire, on essaiera de tout mélanger, de vous culpabiliser, de vous opposer la religion. L'argument fondé sur la sécurité est, certes, un peu ridicule, mais je l'ai entendu ; il ne faut pas le retenir. Il faut retenir un seul principe et, à mon avis, c'est celui de l'égalité entre les hommes et les femmes. Derrière tout cela, se cache tout de même la loi de la charia.

Les femmes musulmanes savent bien que le fait d'arborer le voile n'est pas neutre : c'est un symbole évident, s'agissant surtout du voile intégral.

J'attendais beaucoup de la commission Stasi et je regrette aussi qu'elle n'ait accouché que d'une souris. Pourquoi ne pas utiliser le rapport de Danielle Bousquet sur les violences faites aux femmes ? M. Zapatero a fait ce que nous n'avons pas eu le courage de faire : une loi visant la dignité des femmes – j'avais proposé de faire une loi à ce sujet, mais le texte n'a jamais été examiné. Si vous pouviez voter le même genre de loi, ce serait bien. C'est peut-être possible, vingt ans plus tard.

Monsieur Cardo, s'agissant de la loi de 1905, j'ai du mal à vous suivre. Pourquoi vouloir se mêler de la religion ? Cette loi est simple : il y a les Églises d'un côté, et l'État de l'autre. J'ai eu de sérieuses discussions avec des évêques, avec Mgr Lustiger ou avec Mgr Tauran, qui a beaucoup réfléchi à la question de la laïcité et avec lequel on peut s'entendre. À Lisieux, j'ai rencontré beaucoup de religieux, et cela se passait très bien. Nous avons suffisamment souffert avec cette loi de 1905, tout au moins au début. N'y touchez pas !

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