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Intervention de Yvette Roudy

Réunion du 4 novembre 2009 à 16h00
Mission d’information sur la pratique du port du voile intégral sur le territoire national

Yvette Roudy :

On n'interdit pas aux hommes dont vous parliez de se promener en bras de chemise ou nue tête, et je ne pense pas qu'il leur soit obligatoire de porter la barbe. Il est néanmoins évident que ce sont des intégristes, qui peuvent refuser de serrer la main des femmes. Cela m'est arrivé en France et dans certains autres pays.

Vous avez raison de dire que les nouveaux convertis sont encore plus stricts que les autres, parce qu'ils ont quelque chose à prouver. J'ai rencontré aux États-Unis une très jeune femme qui portait le voile et trouvait l'idéologie intéressante. Elle était née dans ce pays et n'en était jamais sortie. Je ne sais pas ce qu'elle est devenue, mais je pense qu'elle ouvrira un jour les yeux, surtout si elle va dans le pays d'origine de ses ancêtres et se rend compte de ce que cela peut représenter au quotidien : impossibilité de sortir, absence de droits, etc.

Certaines femmes sont séduites. Mais toutes les sectes savent pratiquer la séduction. Le port de la burqa est également le moyen, en particulier pour les jeunes, de se distinguer et de défier la société et l'autorité dominante.

L'intégrisme religieux obéit à toutes les règles auxquelles les sectes obéissent – ayant participé dans cette assemblée à la commission d'enquête sur les sectes, je sais de quoi je parle. Derrière tout cela, il y a des comportements sectaires qui peuvent aboutir à des lavages de cerveau, à des conditionnements et à un embrigadement total.

On assiste à une montée du phénomène. Que faire ? C'est vous qui allez devoir trouver la solution. Celle-ci ne peut être que globale. Une loi est nécessaire, mais elle ne sera pas suffisante ; il faudra l'accompagner – ce que nous ne savons pas très bien faire, à la différence des pays scandinaves. Il conviendra aussi d'aller dans les endroits où cela se passe, pour discuter et défendre bec et ongles notre laïcité.

Quant à la loi de 2004, c'est mieux que rien, mais ce n'est pas parfait. Elle n'est pas appliquée dans les universités, ce qui est dommage, ni dans les lieux publics. Cela dit, on peut admettre que des femmes portent un foulard dans un lieu public, mais pas qu'elles portent la burqa. De toute façon, c'est dangereux, et l'on peut mettre en avant des arguments de sécurité : elles peuvent créer des accidents ou en avoir et, de surcroît, on ne sait pas qui se cache dessous. En tout cas, notre société n'est pas organisée pour cela.

Il faudra dire aux personnes qui vivent chez nous, et qui ne s'y trouvent pas mal – et je ne vise pas que les femmes venant de l'étranger – que la loi ne permet pas d'adopter de telles pratiques. Je me souviens avoir agi ainsi lorsqu'il a fallu empêcher l'excision. Certains avaient alors une attitude assez complaisante vis-à-vis de cette coutume et nous accusaient de faire preuve de néocolonialisme et d'intolérance. En dernier recours, je leur ai dit que c'était la loi et que l'excision était interdite, et alors ils ont accepté cette disposition. Bien sûr, vous pouvez essayer de convaincre, mais vous n'y parviendrez pas. En l'occurrence, vous avez face à vous un système très bien organisé et des personnes très habiles comme Tariq Ramadan, qui ont fait leurs études dans nos universités et connaissent nos points faibles.

Répondez aux personnes concernées que ce sont nos règles, nos lois, que notre société est organisée de cette façon et que si elles ne s'y conforment pas, elles encourront des sanctions. Vous devrez prévoir ces sanctions et faire payer des amendes.

Nous avions eu des craintes après le vote de la loi de 2004 sur le voile islamique. Mais j'ai constaté que, globalement, la loi a été respectée.

En conclusion, mettre en avant la loi simplifie bien les choses. Au reste, vous êtes là pour faire la loi.

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