Comme l'a souvent souligné le président de notre mission, le port de la burqa ou du niqab ne constitue que la partie émergée de l'iceberg. On ne sait pas très bien ce qu'il y a en dessous, mais c'est en tout cas mal ressenti par beaucoup de nos concitoyens, y compris de confession musulmane. Je pense en particulier à ces revendications de plus en plus nombreuses, exprimées au nom du droit de vivre sa religion mais incompatibles avec les exigences d'un Etat laïc. Passe encore dans les prisons ou les maisons de retraite, dont les intéressés ne peuvent sortir, mais cela ne peut s'admettre à l'école ou dans l'hôpital. Pourquoi voit-on de plus en plus de femmes portant le voile intégral ou d'hommes affichant ostensiblement leur appartenance religieuse dans les transports et les lieux publics, et exprimant des exigences croissantes vis-à-vis de nous, Gaulois – si je puis m'exprimer ainsi ? On m'a rapporté que, dans certaines entreprises, les salariés avaient reçu pour consigne de ne pas manger leur sandwich sur place pendant le Ramadan, pour ne pas risquer de heurter des collègues de confession musulmane. On va finir par aboutir à un communautarisme inversé et à des réactions de rejet, alors que jusqu'à présent la population musulmane ne posait pas de problème. Comment le sociologue que vous êtes analyse-t-il cette montée d'un islamisme « dérangeant » et le risque qu'il fait courir ?