Découvrez vos députés de la 14ème législature !

Intervention de Samir Amghar

Réunion du 4 novembre 2009 à 16h00
Mission d’information sur la pratique du port du voile intégral sur le territoire national

Samir Amghar, chercheur à l'école des hautes études en sciences sociales :

Les salafistes, pensant être les seuls dépositaires du véritable islam, considèrent tous les autres mouvements comme hérétiques, qu'il s'agisse du mouvement Tabligh, mouvement missionnaire d'origine indo-pakistanaise, des Frères musulmans ou d'autres mouvements soufis. Ils se situent dans une logique d'excommunication par rapport à ces autres courants, du moins dans le discours. Car dans les faits, on constate souvent des « accommodements ». Les salafistes fréquentent, par exemple, des mosquées ayant à leur tête un imam de la mouvance des Frères musulmans si c'est la seule dans la ville. De même, beaucoup se rendent au congrès que tiennent chaque année au Bourget les Frères musulmans et qui rassemble entre 20 000 et 50 000 personnes, et ils y tiennent même des stands. La pratique est donc bien plus nuancée que le discours – et relève un peu du bricolage.

S'agissant de l'erreur à ne pas commettre, je me bornerai à relever que la loi de 2004, réaffirmant la primauté du principe de laïcité dans l'enceinte scolaire, a eu des effets positifs, mais aussi des effets pervers. Beaucoup de jeunes filles qui portaient le voile au collège ou au lycée ont cessé de fréquenter ces établissements, se sont déscolarisées et se sont mises à fréquenter de plus en plus les cercles salafis. Conséquence : celles qui portaient en 2004 le hijab portent aujourd'hui le niqab. La loi de 2004 a également favorisé une forme de communautarisme. En effet, à partir de cette date, les Frères musulmans ont créé des écoles confessionnelles et depuis lors, de nombreux projets, à Lyon, à Marseille, dans le Nord et plus récemment à Vitry-sur-Seine, ont vu le jour. La réaffirmation tout à fait légitime du principe de laïcité a donc eu, hélas, ces effets pervers que l'on perçoit mieux avec le recul. Il faudrait en tenir compte au moment d'évaluer l'intérêt d'une loi éventuelle sur la burqa.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion