Mes chers collègues, en plus de nos auditions prévues le mercredi 4 et le jeudi 12 novembre, nous nous déplacerons à Marseille le jeudi 5 novembre et à Bruxelles le mercredi 13 novembre, avant un nouveau point d'étape que je vous propose de tenir le mercredi 25 novembre en fin de matinée.
C'est avec beaucoup de plaisir que nous accueillons aujourd'hui M. Dalil Boubakeur, recteur de la Grande Mosquée de Paris et, jusqu'en juin 2008, président du Conseil français du Culte musulman.
En raison des éminentes fonctions que vous avez pu exercer, vous incarnez, Monsieur Boubakeur, l'un des visages de l'islam de France. Je dis « l'un des visages » car l'islam demeure traversé par de multiples courants et tendances dont nous respectons la diversité. Il nous importe de nouer, d'entretenir, voire de renforcer un dialogue franc et respectueux qui permette à ceux de nos compatriotes se réclamant de l'islam de vivre librement leur foi et de régler, dans le cadre des lois de la République et du principe de laïcité, les éventuels problèmes pouvant entourer la pratique de la deuxième religion en France.
Il est tout à fait important pour nous de vous entendre sur la question de la pratique du voile intégral sur le territoire national. Je pense pouvoir parler au nom de mes collègues en indiquant que nous sommes très attachés à ce que nos travaux ne soient pas interprétés comme mettant en cause l'islam et les musulmans. Ce n'est absolument pas notre propos. Nous ne voulons pas intervenir dans le champ religieux, mais dans ceux de la société et de la politique, car c'est notre responsabilité. Il nous importe que les grandes figures de l'islam français puissent nous aider dans notre volonté de combattre les dérives intégristes et fondamentalistes, et ainsi de répondre à la majorité des musulmans. Vous avez d'ailleurs fait, fin juin, des déclarations assez tranchées sur l'absence de caractère religieux de la burqa, ce qui nous conforte dans notre souci de ne pas céder à la tentation de l'amalgame entre l'islam et la pratique du port du voile intégral. Néanmoins, plusieurs questions se posent à nous.
Le port du voile intégral est-il, selon vous, le signe d'une radicalisation ?
Dans quelle mesure votre analyse prévaut-elle parmi les imams de France et les autorités de la religion musulmane ?
Comment récuser ceux qui prétendent trouver dans le Coran et la tradition de l'islam une prescription d'ordre religieux imposant aux femmes de porter le voile intégral ?
Comment empêcher que le port du voile intégral ne soit imposé à des femmes contre leur gré et comment convaincre celles qui le portent volontairement ? Certaines personnes nous ont, en effet, dit le porter volontairement, mais de nombreux témoignages nous prouvent qu'il est imposé, je pense en particulier aux jeunes mineures et aux adolescentes.
Enfin, même si la mission n'a nullement décidé, à ce stade, de préconiser une loi, quels seraient, selon vous, les effets d'une mesure d'interdiction du port du voile intégral ?
Je vous cède maintenant la parole.