Quand nous allons sur le terrain, on nous présente toujours les projets qui marchent, mais il faut savoir que 90% de la population ne peut pas accéder ne serait-ce qu'au microcrédit. Quand on parle d'accès à l'alimentation, cela concerne l'immense majorité des femmes. Les femmes et les fillettes sont plus victimes de la faim que les autres, bien qu'elles soient souvent agricultrices. On n'inscrit pas les filles à l'état civil car cela coûte de l'argent, et sans état civil, on ne peut aller à l'école primaire. Cela devrait être un chantier prioritaire. Il a été abandonné car on disait que le problème était réglé, ce qui n'est pas le cas. L'état civil est important pour les femmes, simplement pour leur donner une existence.
L'autre chantier prioritaire est l'accès à la terre, car les femmes sont cultivatrices mais elles ne représentent que 10% des propriétaires, pour à peine 2% des surfaces cultivées. Si on leur concédait des baux emphytéotiques de dix ou vingt ans, cela leur permettrait de souscrire à des microcrédits en agriculture, ce qu'elles ne peuvent pas faire actuellement car elles n'ont la garantie d'être sur le même lopin de terre l'année suivante.