Il est difficile de répondre à la question relative aux pays dans lesquels le gaz pourrait être stocké. La donnée importante est celle de la qualité des sols, dans la mesure où le stockage peut être réalisé en zone schisteuse ou en zone saline, les premières étant plus nombreuses en Europe que les secondes que l'on trouve néanmoins dans quelques régions françaises et allemandes. La véritable question est celle de la solidarité entre Etats européens. Comme cela existe pour le stockage stratégique de pétrole, il faut mettre en place un régulateur capable de déclencher un système d'alerte qui assure la mise à disposition de gaz stocké au profit des pays qui en ont besoin, indépendamment du lieu du stockage. Le stockage virtuel est une autre voie intéressante. Il est mis en place pour l'électricité par l'intermédiaire de contrats industriels qui prévoient la possibilité d'interrompre l'alimentation de certaines activités pour redéployer l'électricité vers d'autres clients. Cette solution peut s'appliquer à relativement grande échelle.
Le développement du GNL ne répond pas seulement à des problèmes géographiques, mais aussi à des besoins de marchés. Le GNL étant transporté par voie maritime, il est toujours possible de changer la destination d'un méthanier pour satisfaire l'évolution de la demande. C'est donc surtout un gain en termes de souplesse et de plus grande indépendance vis-à-vis des conditions géopolitiques.
Il est évident que l'Union européenne doit nouer un partenariat avec la Russie. Nous devons avoir conscience que les Russes sont faibles, à la fois de par leur position géographique et à cause du très mauvais état de leurs infrastructures. Ils éprouvent aussi une forme de crainte face à la puissance chinoise. Finalement, la Russie a plus besoin de l'Union européenne qu'elle n'en donne l'impression.
Pour ce qui est du secteur nucléaire en Russie, il faut souligner la qualité des technologies nucléaires russes qui est reconnue partout dans le monde. Mais la Russie a besoin de l'expertise française en matière de sûreté nucléaire et, d'une manière plus générale, de certaines technologies européennes. C'est ce qui a justifié l'accord récemment signé entre Siemens et Rosatom. La sortie de Siemens du capital d'Areva pose un certain nombre de problèmes sur lesquels la discussion est encore en cours. Le développement des centrales de quatrième génération exige une coopération internationale qui peut éventuellement être nouée entre la France, le Japon et les Etats-Unis au détriment de la Russie, mais qui peut aussi s'organiser entre la France, la Russie et l'Allemagne par exemple. D'autres pays, comme l'Inde, sont aussi demandeurs d'une telle coopération.
Les Russes veulent diversifier leur clientèle et signent régulièrement de nouveaux contrats, notamment avec les Chinois, mais ces contrats ne peuvent pas être honorés faute d'un niveau de production suffisant.
Pour ce qui est de la dépendance allemande vis-à-vis du gaz russe, elle s'établit à 40 %.