Madame la présidente, monsieur le ministre, mes chers collègues, le présent collectif budgétaire est le second que nous examinons depuis la rentrée parlementaire. Composé de trois décrets d'avance et d'une ouverture de crédit, il porte au total sur 2,8 milliards d'euros, somme qui, au demeurant, peut sembler faible au regard de la situation économique, sociale et financière de notre pays. Elle n'en révèle pas moins un certain nombre de vérités, lesquelles apparaissent de plus en plus crûment depuis la loi de finances initiale jusqu'à la loi de règlement. Il est regrettable que ces révélations progressives suscitent, sinon chez nos collègues, du moins dans l'opinion, un intérêt inversement proportionnel à celui porté aux textes budgétaires successifs : elles traduisent en effet la vérité des politiques publiques et des intentions, la sincérité des engagements et le prix que l'on attache à les honorer.
On peut, de ce point de vue, tirer plusieurs leçons. En premier lieu, la croissance, que l'on espérait à 2,5 % s'établira finalement à 0,9 %, l'inflation s'élèvera non pas à 1,6 % mais à 2,9 % et le pouvoir d'achat ne progressera au mieux que de 1 %, et probablement moins, contre les 2,5 % annoncés. Encore ne s'agit-il que d'une moyenne : certains de nos compatriotes voient en réalité leur pouvoir d'achat diminuer. Le déficit du commerce extérieur s'aggrave, passant de 40 à 50 milliards d'euros, et le déficit budgétaire dépassera les 50 milliards, contre une quarantaine de milliards votés en loi de finances initiale. Personne ne conteste ces vérités. Invoquer la crise financière n'est pas sans fondement, mais celle-ci n'a fait qu'aggraver la crise économique et sociale qui la précédait dans notre pays. Bref, cette année restera catastrophique sur le plan économique et social.
Deuxième vérité, que nous révélions déjà lors de l'examen du PLF : les « sous-dotations » budgétaires, dont certaines peuvent d'ailleurs difficilement vous être reprochées, monsieur le ministre. Je pense notamment aux crédits supplémentaires – 260 millions d'euros – induits par les opérations militaires extérieures. Comment reprocher à un ministre qui avait fidèlement suivi la campagne du candidat Sarkozy de n'avoir pas prévu un tel surcoût ? Ledit candidat ne déclarait-il pas que nous n'avions rien à faire en Afghanistan ? Il vous était difficile, monsieur le ministre, de prévoir qu'il changerait de pied sitôt élu en envoyant des troupes supplémentaires. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe SRC.)