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Intervention de Jean-Luc Hees

Réunion du 16 septembre 2009 à 9h30
Commission des finances, de l’économie générale et du contrôle budgétaire

Jean-Luc Hees :

La publicité ne représente en effet que 8 % de notre budget mais ce marché souffre beaucoup. Dès l'exercice 2008, le recul des ressources publicitaires a légèrement dépassé les 2 millions d'euros. Pour l'exercice 2009, nous attendons une nouvelle baisse de 20 à 30 %.

Notre cahier des missions et des charges n'a pas évolué, l'esprit des publicités diffusées sur les antennes reste le même : Radio France constitue un espace préservé de tous les abus publicitaires. C'est un grand confort, même s'il m'arrive de trouver certaines campagnes sinistres, ou loin des temps actuels ! Mais je suis moins gêné lorsque je songe à la manne publicitaire qui tombe dans les caisses de Radio France. En tout cas, eu égard au paysage, nous pensons que l'attitude la plus raisonnable face à la publicité est le statu quo. Ce marché est complexe et la situation est liée à une crise que nous ne maîtrisons pas. La loi du 5 mars 2009 a évidemment eu une incidence car une indécision passagère a pesé sur l'avenir de la publicité à Radio France, ce qui a certainement conduit certains annonceurs à différer ou annuler des décisions d'investissement. De plus, la concurrence de la télévision est accrue après vingt heures, avec des espaces plus abordables, très attractifs pour les annonceurs. Tout dépendra du redressement de l'économie mais notre régie a pour objectif d'optimiser les tarifs et les espaces. Notre politique sera redéfinie dans le cadre du contrat d'objectifs et de moyens, qui couvrira cinq exercices ; il faudra y réfléchir très attentivement.

Le dossier du média global est crucial pour notre maison, qui s'est pleinement engagée dans le développement de la radio numérique terrestre, la RNT. Nous avons pour mission d'assurer la couverture la plus large de la population. Nous sommes très attentifs au taux d'équipement des foyers en récepteurs numériques. Le calendrier de mise en place de la RNT prévoit un lancement dans les zones de Paris, Marseille et Nice dans les prochains mois. Nos sept services seront regroupés dans un même multiplexe, qui sera géré par une société créée spécialement, distincte de Radio France – le conseil d'administration a entériné cette décision. Notre objectif est de couvrir 95 % du territoire vers la fin 2013. C'est une démarche qui était déjà engagée et que nous poursuivons. Il faudra aussi produire des données associées, ce qui constitue une opportunité, mais aura un coût, d'autant plus qu'il faudra, pendant un certain temps, financer une double diffusion. La diffusion analogique coûte actuellement 80 millions d'euros par an à Radio France. La diffusion numérique entraînera un surcoût – que nous évaluons à 2 ou 3 millions d'euros pour 2010 –, dont il conviendra de tenir compte dans le contrat d'objectifs et de moyens. Cependant, à terme, avec l'extinction de l'analogique, nous réaliserons des économies sérieuses.

Il n'y a pas de ligne éditoriale Jean-Luc Hess. Avant d'exercer cette responsabilité, j'ai toujours pensé que, en cette époque particulière, nous avons besoin de culture, au sens large. Toutes les chaînes de notre groupe doivent travailler dans ce sens, France Info, France Bleu, Le Mouv' et FIP compris. J'enfonce une porte ouverte, mais c'est le rôle de la radio, parfaitement intégré dans l'esprit des collaborateurs de la maison.

Par exemple, nous procédons actuellement à une réforme de France Info. Il est très difficile de réformer une mécanique qui fonctionne bien, mais nous ne pouvons nous permettre d'aller dans le mur en termes d'audience, de constater l'usure d'une antenne ou d'un format. Je tiens à saluer le personnel de France Info, qui a pris un risque énorme pour travailler différemment, qui a sauté à l'eau sans bouée de sauvetage. Je m'aperçois qu'il est possible de faire entrer beaucoup plus de culture sur une telle antenne sans la dénaturer. Il en va de même, je le répète, pour Le Mouv'. Pour moi, tout est culture, même le football ou le rap, dès lors que cela aide un honnête homme d'aujourd'hui à vivre. C'est un axe structurant de la ligne éditoriale de Radio France.

J'ajoute que notre direction de la musique emploie quelque 450 musiciens professionnels. Tout le monde reconnaît le prestige de notre orchestre national, de notre orchestre philharmonique, de notre choeur et de notre maîtrise, qui mène une expérience intéressante à Bondy. Tout cela doit résonner davantage, d'autant que Radio France est en train de se doter d'un instrument coûteux, un auditorium de grande qualité, pour assurer la promotion de ses orchestres, de ses ambitions et de ses productions. J'affiche une ambition culturelle, j'essaie d'emmener la maison dans cette direction et, en l'occurrence, elle ne semble pas se rebeller.

À ma connaissance, nous travaillons peu en commun avec les autres maisons de l'audiovisuel public. Mais je vais me pencher sur la question car le souci de trouver des synergies est légitime : il y va de la bonne gestion de l'argent public.

Nous menons actuellement des réflexions à propos du prochain contrat d'objectifs et de moyens ; il est donc trop tôt pour tracer des axes précis.

D'abord, cette maison assure une continuité. Il convient avant tout de renforcer le coeur de métier de Radio France et de garantir la qualité de ses programmes.

Par ailleurs, nous sommes vraiment entrés dans le multimédia. Il ne s'agit pas d'être pour ou contre, cela constitue une opportunité merveilleuse pour nos activités. Nous devons nous développer de façon exemplaire dans cet environnement.

Nous devons également accomplir un travail de modernisation sociale et salariale très important, justement à l'occasion de cette évolution des métiers.

Enfin, il n'y a pas de fatalité à ce que certaines activités battent en retraite. Radio France est une magnifique maison, bien gérée, dont la mission est d'avoir de plus en plus d'auditeurs, ou d'utilisateurs, en se mettant à leur service. Les auditeurs ne seront jamais assez nombreux !

J'ajoute que nous portons un projet particulier, qui a parfois été mal compris, autour de l'anniversaire de la chute du Mur de Berlin. Le 9 novembre, pour mettre en valeur notre diversité, je voudrais que toutes les antennes de Radio France diffusent un programme unique depuis Berlin. En effet, si vous êtes un familier de France Inter, vous n'écoutez pas forcément France Culture, France Musique, Le Mouv', FIP ou France Bleu. Ce jour-là, j'aimerais que la radio se transforme en colonne Morris présentant tout ce que peut faire Radio France, en y associant tout le monde, notamment les musiciens. Il ne s'agit pas de démanteler le service public, mais au contraire d'afficher ce que notre maison possède de plus fort et de plus créatif. Je tenais à vous apporter des précisions sur ce projet, qui n'est pas toujours évident à comprendre. J'espère vous avoir convaincus.

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