On peut effectivement penser que si l'homme bat sa femme, c'est parce qu'il a vu son père battre sa mère, et que si la femme se laisse battre, c'est aussi parce qu'elle a vu sa mère se faire battre.
J'ajoute que les juges d'application des peines s'efforcent déjà de travailler, autant que possible, avec les juges des enfants et les services pénitentiaires. Il reste que certains collègues se plaignent d'une certaine étanchéité entre les juges des enfants, la protection judiciaire de la jeunesse et les services pénitentiaires d'insertion et de probation, souvent à cause de rivalités historiques entre les services.
Sur le fond, je trouve que le placement des enfants n'est pas nécessairement une bonne solution et il ne me semble pas non plus que ce soit une bonne idée de les envoyer systématiquement consulter un psychologue dans des centres médico-sociaux : s'ils adoptent à leur tour des comportements violents une fois devenus adultes, ils risquent en effet de refuser de consulter, au motif qu'ils l'ont déjà fait pendant toute leur enfance, sans effet utile.
Cela étant, je ne connais pas de solution idéale et je doute même que l'on parvienne à éradiquer un jour la violence : on n'éliminera jamais la misère, ni le chômage, ni l'alcool. De plus, nous nous conduisons tous en fonction de ce que nous avons connu pendant notre enfance, du moins si l'on en croit Françoise Dolto – soit en reproduisant les schémas dont on a hérité, soit en prenant leur contre-pied.
J'ajoute que le fait d'aller voir son père en prison peut constituer un poids supplémentaire pour l'enfant ; la situation familiale risque même être plus difficile qu'avant, pour des raisons économiques ou bien parce que le père s'occupait des enfants quand leur mère buvait. En effet, tout est rarement tout bien ou tout mal : on est rarement entièrement victime ou entièrement mauvais ; les violences sont souvent le résultat d'une interaction. C'est pourquoi on pourrait également imposer des obligations de soins aux femmes dans certains cas.