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Intervention de Guillaume Pepy

Réunion du 7 octobre 2009 à 10h30
Commission du développement durable et de l’aménagement du territoire

Guillaume Pepy, président de la SNCF :

Je prends l'engagement devant vous, comme je l'ai pris devant M. Jean-Louis Borloo et devant les organisations syndicales, que la transformation du fret ferroviaire en France aura un bilan carbone positif dès la première année. Nous mettrons en place, à cet effet, de nouvelles offres d'autoroutes ferroviaires et de transport combiné dès le 13 décembre. L'évaluation réalisée par le cabinet indépendant Carbone 4 montre que la transformation du fret remettrait, en 2010, 60 000 camions sur les routes, et en enlèverait à peu près 100 000. Nous nous soumettrons à une expertise indépendante pour attester que la transformation conduit effectivement à moins de camions sur les routes.

Quiconque connaît mon passé, mon expérience à la SNCF depuis vingt ans et mes convictions, sait que l'emploi est pour moi une question déterminante. Une transformation comme celle qui est prévue ne peut réussir qu'avec les cheminots. La discussion que je mène avec les organisations syndicales est fondée sur le fait qu'il n'y aura aucun licenciement ni, compte tenu de la politique du pays sur l'emploi des seniors, aucun plan de départ à la retraite anticipé. En revanche, la SNCF doit mener une politique plus active de l'emploi en remettant des personnels là où il en manque : dans les gares, dans les trains, sur des emplois verts, dans la lutte contre la fraude, etc. Elle devra réinternaliser des fonctions qu'elle a beaucoup externalisées, parce que c'était la mode. Elle a ouvert un chantier afin d'étudier la manière dont elle pourra permettre à chaque cheminot de trouver de nouvelles missions et de nouvelles tâches dans la transformation du fret. Il n'y a pas, chez les personnels, d'anxiété liée à leur emploi mais des inquiétudes sur leurs nouvelles tâches et la localisation de celles-ci. Tout cela va devoir se négocier et le fait que la SNCF soit une entreprise à statut est, de ce point de vue, un atout.

Si, en 2009, la SNCF a enregistré des pertes pour les raisons que j'ai indiquées, elle avait fait 575 millions d'euros de bénéfices en 2008, Monsieur Duron. Notre objectif est évidemment de faire à nouveau du bénéfice en 2010. Mais la SNCF n'est pas hors du monde. Elle est, elle aussi, touchée de plein fouet par la crise, comme toutes les grandes entreprises françaises.

Si la SNCF doit prendre sa part dans l'échec du passé, il faut aussi que nos collègues et amis de RFF changent leur vision sur le transport de marchandises, Monsieur Grouard. Cela leur a été signifié avec la même force par Jean-Louis Borloo et Dominique Bussereau. Priorité doit être donnée aux équipements destinés au transport écologique de marchandises. Se pose notamment la fameuse question des sillons, c'est-à-dire des horaires. Si nous ne faisons pas de la place aux trains de fret, ça va « frotter ».

Je suis content que MM. Duron, Grouard et Paul aient souligné l'importance croissante des gares. Elles jouent deux rôles importants : d'une part, elles sont de nouveaux centres villes ; d'autre part, elles sont un point de jonction entre le train et les autres transports collectifs et les transports « doux ». Nous allons donc changer la façon de les développer. Mme Fabienne Keller a proposé d'associer à leur gestion les élus, les syndicats mixtes, les établissements publics, les SEM. Cela me semble une très bonne idée d'ouvrir les gares à une gouvernance avec les élus – et c'est ce que nous faisons.

Il est également proposé de faire de la gare SNCF la gare de tous les transports collectifs, ce qui me paraît une idée excellente. La décision prise par le Parlement dans le récent projet de loi relatif à l'organisation et à la régulation des transports ferroviaires de maintenir les gares sous gestion SNCF me paraît sage parce que nous avons un savoir-faire en la matière et que nous avons envie de le faire. Nous allons de plus y consacrer des ressources financières sous forme d'investissements.

Lorsque j'ai pris mes fonctions il y a dix-huit mois, je me suis fixé une ligne d'action, à savoir qu'on gagne plus par la négociation que par la grève. Cette dernière est, certes, un droit constitutionnel mais ce serait tellement mieux si les négociations permettaient de l'éviter. Sur la transformation du fret ferroviaire, j'ai dû faire, depuis un an, une trentaine d'audiences et de réunions avec les organisations syndicales, dont je veux saluer devant vous la prise de conscience et l'esprit de responsabilité. Mais la transformation est tellement lourde, après quinze ou dix-huit ans d'échec, que des inquiétudes, des questions et, parfois, des oppositions se manifestent.

Oui, il y aura peut-être grève. Mais, premièrement, tous les syndicats n'ont pas décidé d'y participer : la deuxième organisation syndicale de la SNCF, l'UNSA, ne devrait pas s'y joindre. Deuxièmement, une négociation avait été engagée avant. Elle continuera après car je crois au dialogue social à la SNCF.

De nombreuses questions posées par M. Serge Grouard sont également les nôtres. Mais celles portant sur les choix collectifs s'adressent moins au patron de la SNCF qu'aux élus et au pouvoir politique lui-même. Sur la stratégie TGV, par exemple, je ne suis amené qu'à donner mon avis. Ce n'est pas moi qui décide.

La France est aujourd'hui pionnière, et sans doute championne avec l'Espagne, du développement TGV. Très franchement, je ne regrette rien. Le train à grande vitesse rapproche les gens et les villes et favorise l'économie. Les villes reliées par TGV ont un argument de compétitivité sans égal. D'une certaine manière, le TGV est une réponse que tous les élus peuvent et doivent souhaiter.

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