Nous attendons beaucoup de la SNCF et elle est sollicitée sur des sujets variés et complexes.
Vous avez reconnu son échec dans le domaine du fret et évoqué la reconfiguration du modèle économique nécessaire pour régler cette question. Cette nouvelle bataille du fret s'articule autour de deux grands éléments : le plan de 7 milliards d'euros en faveur essentiellement des infrastructures, et donc au profit de RFF, et l'effort d'un milliard d'euros de la SNCF que vous avez appelé, de façon très significative, plan de sauvetage du fret.
Nous ne pouvons que souscrire à ce plan mais il soulève trois questions.
La première est d'ordre social. La réduction du modèle géographique du fret et le renoncement au wagon isolé entraîneront, selon certaines estimations, la disparition de 5 000 à 6 000 postes. Confirmez-vous ces chiffres ? Comment comptez-vous gérer cette difficile question sociale ?
Deuxièmement, l'abandon du wagon isolé va reporter sur la route une partie du trafic actuellement assuré par la SNCF. Vous avez insisté sur l'importance d'avoir une approche multimodale mais comment comptez-vous tenir les objectifs fixés par le Grenelle en matière de lutte contre le réchauffement climatique et l'émission de gaz à effet de serre ?
Troisièmement, vous avez exprimé le souci de rester présent sur l'ensemble du territoire mais le déplacement de la géographie industrielle vers l'est de la France ne risque-t-il pas d'entraîner une désertification de la moitié ouest du territoire sur le plan ferroviaire ?
Les pertes que vous avez enregistrées l'année dernière et que vous enregistrerez cette année ne vont-elles pas pénaliser vos capacités d'investissement pour d'autres chantiers et, notamment celui des lignes à grande vitesse ? On dit que vous pourriez réduire cette année la commande de rames TGV à Alsthom. Est-ce exact ?
Je connais les problèmes des trains Corail pour les subir de temps en temps en Normandie. Ils sont dus à la fois à des questions d'infrastructure, qui ne sont pas de votre ressort, et à des questions de matériel, bien que l'accord passé entre les régions et Dominique Perben ait permis de moderniser les voitures. Ma région, par exemple, a participé pour moitié au financement de la rénovation des trains Corail. Mais la situation reste précaire, à la fois parce que le matériel de traction est souvent insuffisant et fragile et parce que les personnels sont en nombre insuffisant, ce qui entraîne un certain nombre d'incidents qui exaspèrent les consommateurs.
Bien qu'elle soit aujourd'hui au centre d'un grand débat et fasse l'objet de colloques auxquels vos collaborateurs participent, vous n'avez pas évoqué la question de l'évolution du mode de gestion des gares. Pouvez-vous nous indiquer votre vision de la gare du XXIe siècle ?