J'admire l'éloquence convaincante dont vous savez faire preuve. L'impossibilité d'identifier les femmes portant le voile intégral peut, en effet, fonder une interdiction. Pour autant, je souhaiterais vous soumettre deux autres pistes de réflexion, permettant de justifier l'interdiction du port intégral.
Nous pourrions proscrire le port de la burqa en tant qu'instrument de barbarie. Notre République s'est toujours illustrée dans la lutte contre les idéologies. Elle combat le racisme, l'antisémitisme, le nazisme. Pourquoi ne combattrait-elle pas le salafisme ou le talibanisme ? J'ai d'ailleurs demandé à ce que des documents officiels talibans sur la condition des femmes soient diffusés auprès des membres de notre mission, car, selon moi, ils relèvent de la barbarie.
Par ailleurs, et Élisabeth Badinter nous a interpellés sur ce point, nous devons nous interroger sur ce que le visage représente dans l'application quotidienne de nos principes républicains. Porter le voile intégral, c'est signifier à autrui : « je peux te voir, mais tu ne peux me regarder » ; cela constitue une rupture du principe d'égalité. Quant à la fraternité, elle impose que nos visages soient découverts afin de rendre possible le vivre-ensemble. C'est à ce titre que nous pourrions légiférer.