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Intervention de Claude Dilain

Réunion du 29 septembre 2009 à 16h00
Mission d’information sur la pratique du port du voile intégral sur le territoire national

Claude Dilain, président de l'association de maires Ville et banlieue de France, maire de Clichy-sous-bois :

Limiter le port du voile intégral au seul plan religieux serait réducteur, et on aurait tort de le faire. Il existe, en effet, des causes sociales et économiques à ce phénomène, qui frappe des territoires si largement abandonnés sur ces plans et sur le plan culturel que le refuge identitaire y est devenu très important : quand la République se retire d'un territoire, on voit apparaître des choses que l'on ne voyait pas auparavant. Ce dont il s'agit va au-delà de la religion, de l'extrémisme et de la laïcité. Toutes les manifestations dont nous parlons, et qui ne se voyaient pas il y a vingt ou trente ans, sont le fruit de l'abandon de certains territoires. Il serait donc vain de s'occuper des conséquences sans s'inquiéter des causes – cela reviendrait à tenter de remplir le tonneau des Danaïdes.

S'agissant des madrasas, j'ai en tête quelques exemples précis concernant des familles turques : elles ne se cachent pas d'envoyer leurs enfants, particulièrement les filles, dans des établissements confessionnels, observant que de nombreuses familles chrétiennes font la même chose avec leurs propres enfants. Des phénomènes plus graves existent peut-être, que je suis incapable de mesurer mais dont je ne pense pas qu'ils soient majeurs, dans ma commune en tout cas.

Je rappelle que, lors du débat préalable au vote de la loi sur le port des signes religieux à l'école, d'aucuns disaient : « Surtout, n'interdisez pas le foulard à l'école, sinon toutes les filles iront dans des écoles coraniques ». L'argument était faux, et je pense que les principes doivent être réaffirmés très clairement.

Je suis d'accord sur la nécessité, si une loi était votée, de prévoir des sanctions. Mais s'il est très bien d'en poser le principe autour de cette table, nous savons qu'en pratique il n'y en aura pas. Voyez la loi sur les mini-motos et les quads : elle n'a absolument rien changé. Hier encore, j'ai été pris à partie par un Clichois exaspéré par le bruit de ces engins, et plus exaspéré encore d'entendre les policiers lui expliquer ne pouvoir courir derrière eux. De même, sachant que l'on ne verbalise même pas le stationnement interdit dans certains quartiers à certaines heures, on aura beaucoup de mal à faire appliquer une loi interdisant le port du voile intégral.

Nous assistons à une très forte montée de demandes d'ordre religieux. Les maires ne doivent pas être laissés seuls face à cela. Pour pouvoir opposer des refus – pluriquotidiens ! – aux demandes qui nous sont faites, nous devons pouvoir nous arc-bouter sur les principes républicains fortement réaffirmés, sans quoi nous serons accusés d'islamophobie, une accusation plusieurs fois portée contre moi parce que je rappelais ce que sont ces valeurs. Il est donc très important que la République dise ce qu'est la laïcité et ce qu'elle n'est pas. À cet égard, j'ignore ce que peuvent être la laïcité « apaisée » et la laïcité « positive ». Pour moi, il n'existe que la laïcité tout court.

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