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Intervention de Roselyne Bachelot-Narquin

Réunion du 20 octobre 2009 à 18h00
Commission des affaires sociales

Roselyne Bachelot-Narquin, ministre de la santé et des sports :

À l'inverse de ce que vous prétendez, monsieur Gremetz, les chiffres de la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (DREES) de mon ministère montrent que la part des dépenses de santé dans le PIB augmente régulièrement dans notre pays, et ces chiffres ont été validés par l'ensemble des partenaires sociaux dans le cadre de la Commission des comptes de la santé. Avec 11,2 % de son PIB consacrés aux dépenses de santé, la France est toujours vice-championne du monde en la matière. Selon les chiffres de cette commission, la part de la consommation de soins et de biens médicaux ne cesse, elle aussi, d'augmenter, jusqu'à atteindre 7 % du PIB en 2008, soit une augmentation de 3,8 % par rapport à 2007, année qui l'avait déjà vue augmenter de 4,4 % par rapport à 2006.

Il est vrai, monsieur Bapt, que certains experts jugent qu'une seule injection vaccinale suffira. Je préfère cependant attendre l'avis de l'Agence européenne du médicament, autorité indépendante chargée de délivrer l'autorisation de mise sur le marché et de définir les modalités du vaccin. Ce serait de toute façon une excellente nouvelle, tant du point de vue de la traçabilité que de la logistique et de l'acceptabilité de la vaccination. Dans un tel cas, nous annulerions, bien évidemment, le rendez-vous pour une deuxième injection prévue pour les personnes déjà vaccinés. Ceci dit, selon les informations qui nous reviennent pour l'instant, l'injection unique ne vaudrait pas pour toute la population : pour les enfants jusqu'à neuf ans, par exemple, deux injections resteraient nécessaires. Nous avons besoin de ces précisions avant de modifier les contours de la demande d'autorisation de mise sur le marché.

Deux autres faits sont à considérer. Premièrement, nous avons décidé, au titre de la solidarité internationale, de consacrer 10 % de notre dotation à une vocation humanitaire, par l'intermédiaire de l'OMS – sur le budget, faut-il le préciser, du ministère des affaires étrangères. Deuxièmement, nous devons prévoir un taux de perte d'environ 10 % de la matière pharmaceutique du fait du conditionnement des vaccins en flacons multidoses, tout en sachant que cette perte est limitée par la vaccination collective. Ce ne sont finalement pas 94 millions de doses qui seront effectivement utilisables, mais 74 millions. Il est encore trop tôt pour dire que ce chiffre sera forcément supérieur à nos besoins.

Nous le devons d'autant moins, qu'en la matière l'opinion évolue très vite et que le désir de se faire vacciner peut croître au fur et à mesure de l'apparition de nouveaux cas. Il n'est que de voir ce qui s'est passé aux États-Unis, où l'annonce de décès d'enfants a provoqué des fils d'attente devant les centres de vaccination. Je vous fais remarquer, en outre, que nous ne sommes pas encore entrés dans la période des grands froids, qui va accélérer l'épidémie.

De toute façon, toutes les doses seront utilisées, d'abord pour assurer la meilleure couverture vaccinale possible dès cette année, et l'année prochaine pour une autre campagne de vaccination, puisque le vaccin est composé d'un adjuvant réutilisable, qui représente 80 % du prix du vaccin, et dont la durée de validité est de cinq ans.

Enfin, nous pourrons toujours céder nos doses superflues aux pays qui se sont montrés beaucoup moins prudents que nous, puisque nous avons, avec le Royaume-Uni, les États-Unis, les Pays-Bas, « asséché » le marché mondial de vaccins contre la pandémie.

Alors, de grâce, ne cédons pas aux délices de la lucidité a posteriori. Notre objectif était de pouvoir vacciner l'ensemble de la population, afin de n'avoir pas à faire des choix contraires à l'éthique. Car s'il faut, comme certains le demandent, réserver le vaccin à un tiers de la population, comment choisir ce tiers ? Par tirage au sort ?

Il n'y aura, je le répète, aucune difficulté ni aucun gaspillage : nous avons tout ce qu'il faut pour respecter les intérêts, à la fois éthiques et économiques, de notre pays.

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