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Intervention de Michel Miraillet

Réunion du 21 octobre 2009 à 12h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

Michel Miraillet :

Grâce aux décisions prises avec l'appui du Parlement, les crédits consacrés au nucléaire me paraissent adaptés à nos besoins, de nature à maintenir notre capacité de dissuasion et notre crédibilité, ce qui n'est plus tout à fait le cas en Grande-Bretagne. D'ailleurs, Washington nous considère comme un partenaire sérieux. Et ce n'est pas un hasard si nous sommes l'objet de la vindicte des détracteurs de la dissuasion.

Ayant été numéro deux de l'ambassade de France en Israël pendant quatre ans, je connais bien ce pays. La relation privilégiée entre les Turcs et les Israéliens, qui date de 1994, a paralysé, à l'époque, beaucoup d'acteurs moyen-orientaux. La coopération très étroite entre les deux armées a permis aux Israéliens de s'entraîner dans un espace aérien sans commune mesure avec le leur et aux deux services de renseignement de travailler en commun. En réalité, le régime turc a un peu changé mais pas les militaires turcs. Aujourd'hui, la Turquie veut jouer un rôle de médiateur au Moyen-Orient et apparaître comme un acteur majeur en Afghanistan. Les Pakistanais sont préoccupés par la présence iranienne, indienne, mais aussi turque. En outre, les tensions avec Israël sont parfois mises en valeur par le gouvernement turc pour des raisons de politique intérieure. Je ne pense pas que nous devions nous en inquiéter.

Quelles sont les conséquences réelles de la nucléarisation de l'Iran ? Ce cas n'est pas comparable à celui du Pakistan ou de l'Inde, car cet État a signé le Traité de non-prolifération, avant de le bafouer, le site de Qom étant indiscutablement un établissement d'enrichissement militaire. Depuis que nous avons rendu publique l'existence du site de Natanz, en 2003, les États riverains se demandent si les pays occidentaux finiront par faire accepter à l'Iran le principe de freeze for freeze – gel contre gel –, c'est-à-dire à le faire capituler sur son programme d'enrichissement en échange d'un package de nucléaire civil. Jusqu'à présent, les Iraniens ont toujours refusé et font de la procrastination. Cent kilos d'uranium faiblement enrichi, à 3,9 %, sont produits chaque mois à Natanz. Les pays voisins, Égypte, Arabie Saoudite, Émirats arabes unis et Turquie, s'interrogent aussi sur les perspectives d'évolution du réengagement américain avec l'Iran car ils savent que la stratégie coréenne – un pas en avant, deux pas en arrière –, depuis 1993, a toujours payé face aux États-Unis. La Turquie est un allié responsable, dans un environnement marqué par le Pakistan nucléaire et l'Iran nucléaire, sans oublier la Russie, tentée d'en finir avec le Traité FNI. Avec la mise en valeur du site de Qom et les tromperies iraniennes autour de la weaponization, toute la région commence à s'intéresser de très près à la question.

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