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Intervention de Jean-Luc Hees

Réunion du 16 septembre 2009 à 9h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Jean-Luc Hees, président-directeur général de Radio France :

Je ne me pose pas sans cesse la question de ma révocation. Dans ma vie, j'ai déjà été révoqué ; aucune loi pourtant ne le prévoyait alors spécifiquement. Ce risque fait partie de mon métier. Plaire ou déplaire m'importe peu. Ma fonction, ma responsabilité vont au-delà. Si je vous remercie de votre sollicitude, ce n'est pas mon avenir qui m'intéresse : c'est Radio France.

J'aimerais en effet être jugé sur mes actes. C'est cela qui compte dans la vie d'un homme. Jusqu'ici, je n'ai pas eu à en rougir. J'ai déjà eu l'occasion de dire ici que je ne compte pas entamer une carrière de dictateur à cinquante-sept ans. Je m'efforcerai de prouver que j'ai le courage et les valeurs morales nécessaires.

Je ne peux qu'observer, parfois avec une certaine tristesse, le conflit qui ravage actuellement RFI. RFI est installée dans les emprises de Radio France. J'y ai des confrères journalistes et c'est une maison à laquelle je porte un vif intérêt. Mais RFI ne dépend pas de notre gestion. C'est une société totalement séparée de Radio France.

Je regrette de ne pas avoir été plus convaincant sur le chapitre de la culture. Vos propos témoignent que nous partageons au moins cette ambition-là. Il ne vous a pas échappé que, si très peu de modifications ont touché l'antenne de France Inter, les quelques signaux envoyés sont des signaux culturels. Le livre, la lecture, la voix, le théâtre font partie de la vie d'un honnête homme et doivent être promus. Désormais, France Inter compte un excellent programme le samedi à dix-huit heures, consacré à la lecture. Il est animé par un membre de la noble maison de Molière, sous le charme duquel nous sommes tous tombés, Guillaume Gallienne.

Tels sont les signaux que, sans gérer moi-même les antennes – ce qui n'est pas mon emploi – et sans traumatiser les auditeurs – les évolutions doivent être progressives –, j'essaie d'envoyer.

J'ai de bons espoirs. Si vous êtes fidèles à nos programmes, vous pouvez en constater les nombreuses évolutions. La grille de France Culture est désormais beaucoup plus lisible, et accessible à des publics qui n'ont jamais fréquenté cette radio. Nous avons du travail devant nous ; c'est celui des patrons d'antenne, et ils ont envie de le faire. Il en est de même pour ce qui concerne France Musique. Je vous ai parlé du chantier du Mouv' qui doit aller exactement dans ce sens. Certes, et je le regrette, les résultats concrets restent encore limités ; ce travail, qui se mène en concertation avec les équipes, ne peut aboutir en un jour. Je crois pouvoir dire qu'il est conduit aujourd'hui sur toutes les antennes de Radio France. Nous voulons également montrer plus et mieux nos orchestres et nos formations musicales, de façon que le pays en profite davantage. Ces efforts vont dans le sens de vos propos. J'espère que nous vous convaincrons de la réalité et de la future visibilité de nos ambitions.

Sans me substituer aux directeurs de rédactions ou de chaînes, je serai très attentif aux règles et aux principes de recrutement. La qualité de l'information et des antennes en dépend. J'ai le sentiment que Radio France travaille plutôt consciencieusement dans ce domaine. L'une de nos particularités est le réseau des quarante et une stations locales de France Bleu. Nous essayons d'alimenter nos rédactions en privilégiant les talents qu'on y trouve. Cette pratique incite nombre de jeunes talents à venir faire leurs armes dans nos stations locales. Progresser au-delà des plannings de remplacement peut être, hélas, assez long. Malgré tout, le recrutement se fait à mon sens selon des normes convenables.

France Info est en pleine réforme aujourd'hui. Nous y vivons une aventure journalistique assez extraordinaire. J'y vois des équipes finalement assez réjouies de sortir du carcan d'une machine, aussi belle soit-elle, que nous faisons par ailleurs attention de ne pas casser. Journalistiquement, il est toujours intéressant d'aller voir comment, en matière d'information, on pourrait faire autrement, analyser plus vite, être impeccable. Être journalistiquement impeccable est pour moi, depuis toujours, la qualité essentielle pour être inattaquable. En suivant cette ligne, je ne risquerai ainsi pas la révocation.

Enfin, je suis moi aussi parfois agacé par certaines expressions sémantiques ou syntaxiques que j'entends sur les antennes de Radio France, mais je le suis plus encore lorsque j'écoute d'autres radios ! Beaucoup reste toujours à faire. Même si ce n'est pas mon souci principal, je vous promets de faire passer sans relâche le message.

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