Je vous remercie pour la précision de vos questions et l'intérêt que vous portez à nos antennes.
Quelques milliers d'affiches à la gloire d'une excellente maison de radio sise rue François Ier ont fleuri dans les rues de Paris. J'ignore combien coûte une telle campagne, mais je n'ai pas autant de moyens à ma disposition pour faire briller tous les trésors de Radio France. C'est pourquoi j'ai eu l'idée d'ériger une « colonne Morris » de la maison : si 13 millions d'auditeurs écoutent ce jour-là tout ce que nous produisons, si les fidèles d'une station découvrent des choses insoupçonnées, ce sera formidable, et je crois que j'y parviendrai. J'ai évidemment vérifié la faisabilité juridique de l'opération car il importe de respecter religieusement le cahier des charges de Radio France.
Cette idée est née d'une réunion de la Commission franco-allemande, en juin : je me suis rendu compte que, depuis un an, nous n'avions pas réalisé grand-chose dans ce domaine et, avec mon homologue de la radio nationale allemande, nous avons convenu que nous pourrions être plus actifs. La radio nationale allemande nous a donc offert son réseau ondes moyennes pour le 9 novembre : le programme de Radio France sera diffusé en direct sur tout le territoire allemand. J'y ai vu un symbole très fort et l'opportunité de mobiliser au-delà de Radio France. Telle est la philosophie générale du projet : montrer tout ce que savent faire les personnels de Radio France, tout ce dont ils peuvent être fiers. Je suis certain que cette journée sera prestigieuse pour notre maison.
Vous m'avez rappelé l'épisode – pour moi, il ne s'agit pas d'un incident – qui m'a conduit au mois de mai, trois jours après mon arrivée à Radio France, dans un studio de France Inter pour tenter de rassurer Edwy Plenel. Cette démarche était impromptue. Je passais devant les locaux de France Inter quand j'ai entendu Edwy Plenel. Edwy Plenel est pour moi un très bon journaliste, que je connais depuis longtemps, pour qui j'ai le plus profond respect et avec qui je n'ai aucun souci. Simplement, je ne pouvais pas laisser dire que, depuis mon arrivée, les journalistes et la rédaction de France Inter auraient changé de statut, et cessé d'être libres.
Je suis moi-même toujours journaliste, titulaire d'une carte de presse. J'y attache une très grande importance. À ce titre, je suis le garant de la liberté et de l'indépendance des journalistes non seulement de France Inter, mais de Radio France dans son ensemble. Je prends ce rôle très au sérieux. Depuis quatre mois, il a été possible, me semble-t-il, de le vérifier. Je demande à être jugé sur mes actes.
J'ai trouvé convenable de dire à Edwy Plenel, en direct, qu'il devait se rassurer. Peut-être attendais-je que quelqu'un lui dise à ma place qu'il serait toujours le bienvenu à France Inter. Je ne peux accepter qu'un soupçon, qui serait une terrible nuisance pour nos antennes, s'installe envers les journalistes de Radio France. Je trouve cela inqualifiable à leur égard. Je les connais ; ce sont des personnes libres, qui ont du tempérament et ne se laissent pas faire. Je comprends que le mode de désignation du président de Radio France puisse susciter des interrogations sur ma liberté, mon indépendance, mon rapport au journalisme.
Je suis libre, indépendant et plus que jamais journaliste. Je voulais que les équipes de Radio France sachent qu'ils ont en moi le patron qu'il faut pour garantir leur liberté, et ainsi rassurer les rédactions.
Je peux certes comprendre que la méthode ait pu choquer. Je présente mes excuses à ceux qui ont pu être choqués, mais je n'ai pas de regrets sur le fond. Il est de ma fonction de protéger du soupçon les journalistes de la grande maison qu'est Radio France. Ils sont plus de cinq cents et font leur travail avec une infinie conscience, mais ils ne peuvent évidemment le faire que dans la liberté et l'indépendance. Tel était le but de mon message. Si ce dernier a pu être considéré comme un peu abrupt, il était extrêmement courtois à l'antenne et Edwy Plenel ne m'en a pas voulu, en tout cas pas personnellement.
Vous avez évoqué la revue de presse de France Inter. France Inter est une station que j'ai toujours écoutée, que j'aime beaucoup et dont j'ai besoin. J'écoutais la revue de presse avant même de penser que je pourrais revenir à Radio France.
Ma vision de cet exercice, dans lequel j'ai connu quelques grands journalistes, est que même si, désormais, le monde de l'internet regorge d'informations, Radio France a envers la presse écrite une mission qu'elle doit exercer à plein. Pour la presse écrite, le contexte est très dégradé. Or, pour moi, la presse écrite est un maillon essentiel de ce que j'appelle la démocratie. J'ai toujours pensé qu'aider les journaux, tous les journaux, devait être une priorité de la maison. J'ai donc fait savoir au directeur de France Inter que la revue de presse n'était pas un exercice de style. Tant mieux s'il en comporte et si l'exercice est fait avec talent. Mais je suis davantage satisfait s'il y a du fond. C'est ce que je pense, et je l'ai dit aussi simplement que cela.
Je suis satisfait de la revue de presse de France Inter que j'écoute aujourd'hui. Elle ne cite pas seulement la presse écrite, mais aussi d'autres supports. Je souhaitais en revanche qu'il soit clair que nous sommes partenaires de façon quasiment morale de la presse écrite. Pour moi, celle-ci est une priorité de la revue de presse.
Radio France est aussi une maison dotée d'une bonne pratique journalistique. Elle traite convenablement les personnes qui travaillent dans les rédactions. On ne « vire » pas, comme je l'ai lu pendant des jours, le titulaire de la revue de presse : d'autres tâches lui sont proposées. Il paraît raisonnable d'envisager que le patron d'une antenne ou le président de Radio France puisse choisir une option, manifester une ambition, détailler publiquement des signaux qu'il considère comme très importants pour ses antennes. Pour dire la vérité, dans la revue de presse, j'ai retrouvé mon compte, à la fois comme auditeur et comme président de Radio France. Toute la presse est citée ; des sites internet continuent de l'être ; il n'y a aucun ostracisme, mais la hiérarchie des informations est meilleure. Il me semble qu'il y a là un bon signal, et un vrai service pour la presse écrite.