Je suis un peu étonné de vous entendre dire qu'il est difficile de faire un bilan de la loi sur le voile à l'école. Je suis aussi enseignant et je constate que le problème qui défrayait la chronique il y a cinq ans n'est plus d'actualité ; les cas sont aujourd'hui marginaux, alors que le phénomène était en train de s'amplifier. J'aimerais notamment que vous soyez un peu plus précis quand vous affirmez que la loi a entraîné une déscolarisation. Considérez-vous que celle-ci est acceptable, dans un pays où l'école est obligatoire jusqu'à seize ans ? Qu'est-ce qui vous fait dire qu'il y a eu déscolarisation ? De quels chiffres disposez-vous ?
Vous vous êtes demandé quel voile il s'agirait d'interdire : cette innocence m'épate ! Il n'y a pas à le définir : il est assez visible pour qu'on n'ait pas à s'interroger, et votre interrogation me dérange. Je vous invite à relire l'intervention d'Élisabeth Badinter, qui a magnifiquement dit qu'il n'y avait pas de vêtement du visage.
Comme l'a dit Jean Glavany, ce qui est insupportable doit être empêché. Vous prônez une logique d'éducation populaire, mais comment la concrétiser sans l'appuyer sur un interdit ? Allez-vous faire dévoiler les gens simplement par la conviction ? Vraiment, soyez plus précis. Ce qui me dérange dans votre propos, c'est le sentiment d'une certaine complaisance.