Vous dites qu'il ne s'agit pas d'un problème de laïcité : en êtes-vous sûr ? Si on entend par laïcité la protection de la liberté de conscience, donc de la liberté religieuse, mais en même temps un combat contre les intégrismes et le fanatisme religieux qui n'acceptent pas que les lois de la République l'emportent sur les lois religieuses, on doit constater que ceux qui préconisent le port du voile intégral sont précisément des intégristes qui réfutent les lois de la République.
Vous avez présenté la question du voile intégral comme une question vestimentaire comme une autre. Or le visage n'est pas n'importe quelle partie du corps. Etre à visage découvert n'a pas seulement une utilité d'ordre public, en permettant la reconnaissance de l'identité ; c'est aussi, à travers le regard, la parole, l'expression, accepter les échanges, l'égalité, la fraternité.
Si le port du voile intégral est insupportable comme vous le dites, je ne sais pas s'il faut l'interdire, mais il faut en tout cas l'empêcher. Pourquoi est-ce insupportable ? Parce que c'est l'expression d'idéologies barbares, portées par les talibans et par les salafistes. C'est une violence faite aux femmes, même si elle est plus ou moins consentie. Alors, comment l'empêcher ? Peut-on le faire par la conviction ? Force est de constater qu'aucune femme ne portait le voile intégral sur notre territoire il y a vingt ans et que le phénomène se développe.
Enfin, vous dites que l'émancipation des femmes se réalise par l'acquisition de droits nouveaux et non par des interdits ; mais interdire le port du voile serait justement accorder à ces femmes le droit d'aller à visage découvert, droit dont elles sont privées aujourd'hui par des hommes intégristes !