D'abord, j'ai parlé de communautarisme « modéré », et non « atténué ». Ensuite, on peut faire des dichotomies assez tranchées entre républicanisme et communautarisme, mais la réalité est faite de degrés et de nuances.
On pourrait considérer le foulard comme un insigne religieux à titre privé. Or on ne le fait pas. Par une sorte d'essentialisation, on pense que le foulard est l'expression d'un communautarisme. Pourtant, ce n'est pas toujours vrai. Actuellement, une conseillère de M. Obama porte le foulard. En Angleterre, des policières portent le foulard, des policiers portent le turban. Ce n'est pas parce qu'il y a un communautarisme en Angleterre, mais parce que, là-bas, on essaie d'exploiter ce genre de phénomènes pour intégrer les populations musulmanes à la société anglaise. En France, la République n'est pas si fragile qu'elle puisse succomber aux coups de quelques foulards ou de quelques communautarismes modérés. Et elle sera d'autant plus solide qu'elle saura répondre en neutralisant le sens de ces symboles religieux.
Vous avez été plusieurs à soulever la question du fondamentalisme religieux derrière ces phénomènes. Comment faire pour combattre le fondamentalisme sous ses nombreuses formes ? Je pense aux néo-salafistes, qui sont quelques dizaines de milliers, aux walabites, voire à l'UOIF, l'Union des organisations islamiques de France, qui a des dimensions communautaristes. On peut les « apprivoiser », mais cela suppose d'instaurer un vrai dialogue sans imposer certaines normes au nom d'une transcendance républicaine, dont la signification évolue avec le temps. Pendant longtemps, les homosexuels ont été rejetés. Les femmes ont été exclues dans la mesure où on ne leur accordait aucune spécificité au nom de l'universalisme républicain ; aujourd'hui, on s'en accommode. Je ne vois pas pourquoi on ne pourrait pas faire la même chose avec les musulmanes modérées dont on ferait les « fers de lance » de la République contre les fondamentalismes. Je suis persuadé que des filles et des femmes seraient ravies d'appartenir à la République tout en portant le foulard et en combattant ces phénomènes.