Monsieur, vous êtes sociologue, directeur de recherches à l'École des hautes études en sciences sociales (EHESS) et universitaire. Vous avez longuement étudié l'influence de l'islam sur les jeunes des quartiers populaires et vous dispensez un cours sur « l'islam en prison ».
Comment expliquez-vous le succès aujourd'hui d'une forme de pratique islamique très attachée à un retour aux origines ? Est-ce la traduction d'un défaut d'intégration de la société française ou l'expression d'un véritable courant théologique, avec des enjeux géopolitiques ?
Sous quelles influences pensez-vous que les thèses favorables au voile intégral se sont propagées en France et en Europe ?
Pensez-vous que les sites Internet communautaristes soient influents en France ? On nous parle, lors de nos auditions, d'un décalage entre le contexte français et les cyberfatwas, auxquelles certains musulmans se réfèrent alors qu'elles sont totalement étrangères à ce contexte français et européen.
Il semble que le voile intégral soit revendiqué par des femmes d'origine européenne converties. Comment expliquez-vous ce phénomène ? Certains font valoir que l'islam peut difficilement accepter les principes d'une République laïque. Nous aimerions avoir votre point de vue sur la question.