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Intervention de André Gerin

Réunion du 21 octobre 2009 à 9h00
Mission d’information sur la pratique du port du voile intégral sur le territoire national

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAndré Gerin, président :

… non plus que la réalité de son objet : une dérive intégriste et fondamentaliste, une tentative d'instrumentaliser l'islam à des fins politiques.

S'il y a débat sur la nécessité, ou non, d'une loi visant à interdire le port du voile intégral dans l'espace public, aucun de nos interlocuteurs n'a défendu cette pratique. D'autre part, nos travaux nous ont permis de cerner les forces qui oeuvrent en arrière-plan – salafisme, mouvement tabligh, wahabisme et de caractériser une idéologie intégriste et barbare, portée par un mouvement obscurantiste. Notre responsabilité politique est d'apporter une réponse forte à ce qui ressemble à un défi de civilisation. Après les tentatives faites pour minorer, voire ridiculiser notre mission, on se rend maintenant compte que le problème n'est pas franco-français, mais bien géopolitique.

Ces femmes seraient consentantes, nous dit-on avec insistance depuis quelque temps. Peut-être, encore que nous demanderions à le vérifier. Mais comment qualifier le comportement de ces hommes qui refusent de serrer la main d'une femme, qui monopolisent la parole dans les services publics et, de plus en plus souvent, créent des incidents dans les bureaux de l'état civil, allant jusqu'à menacer les fonctionnaires ? Et que dire de ces jeunes filles mineures, de ces adolescentes à qui on impose une tenue vestimentaire, à qui on reproche toute tentative de mixité et à qui on interdit de s'informer sur la sexualité ? Que dire de ces garçons qui, dans les lycées et collèges, contestent les cours d'histoire, de sciences naturelles, de biologie, de philosophie ? Que dire encore des menaces physiques encourues par des médecins accoucheurs hommes et de ce témoignage, recueilli jeudi dernier à Lyon, d'un chef de service qui décrit la situation au nouvel hôpital femme-mère-enfant comme catastrophique, proche de l'irréparable ? La liste de ces cas est impressionnante, et je ne livre ici que quelques exemples. Nous voulons mettre le holà à ces dérives attestées dans toutes les sphères de la société – n'assiste-t-on pas ainsi à la création de syndicats communautaristes dans certaines grandes entreprises du CAC 40 ?

Cela étant, qu'il soit clair que nous entendons oeuvrer dans le dialogue, en particulier avec les représentants du culte musulman, et nous recevrons d'ailleurs, la semaine prochaine, le recteur Boubakeur de la Grande Mosquée de Paris. Ce dialogue doit être approfondi et précis, afin de donner toute sa place dans la République à une religion qui doit, par ailleurs, disposer de lieux de culte dignes de ce nom. Il est, en effet, urgent d'enrayer ces dérives intégristes et nous sommes plus que jamais déterminés à aller jusqu'au bout de notre démarche.

Au nom de tous ici, je vous remercie, Monsieur le professeur Baubérot, d'avoir répondu à notre invitation. Universitaire, vous avez longuement étudié l'histoire des religions ; vous avez fondé en 1995 le groupe de sociologie des religions et de la laïcité ; vous avez participé à la commission présidée par Bernard Stasi sur l'application du principe de laïcité.

Selon vous, le port du voile intégral remet-il ou non en cause le principe de cette laïcité à laquelle vous avez consacré plusieurs ouvrages ? Pensez-vous que le développement de formes de la pratique musulmane très attachées à manifester dans la sphère publique l'appartenance religieuse menace ce que vous avez appelé le « pacte laïque » français, ainsi que les valeurs et les idéaux les plus avancés de la République, issus de la Révolution et de la loi de 1905 ? Peut-on s'attendre à d'autres manifestations ostentatoires que le port du voile intégral ? Si on tolère cette dernière pratique, ne va-t-on pas favoriser d'autres revendications identitaires, comme le laissent présager certains « accommodements » préoccupants ?

La semaine dernière, nous avons entendu les représentants et le président du Conseil français du culte musulman. Cette audition a montré tout l'intérêt de cette instance représentative, même si elle n'est que consultative, et notre souhait est de dialoguer avec elle, en vue d'une démarche, sinon commune, du moins convergente, forte et publique. Le message que nous entendons faire passer ne peut qu'y gagner. Cependant, nous voyons que ce Conseil est confronté aux tenants d'une lecture figée du Coran. Quel regard portez-vous sur ce phénomène ?

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