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Intervention de Yves Cochet

Réunion du 8 octobre 2008 à 21h30
Grenelle de l'environnement — Question préalable

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaYves Cochet :

Notre collègue Letchimy a placé le débat à la bonne altitude. Vous-mêmes, monsieur le ministre, madame la secrétaire d'État, aviez dépeint le panorama assez vaste de votre ambition, qu'avait d'ailleurs brossé le Président de la République, le 25 octobre 2007, mais notre collègue Letchimy a donné plus d'ampleur encore, si besoin était, à cette perspective. Comme le Président de la République, il a parlé de révolution dans notre mode de vie, dans notre façon d'habiter la planète. Cela comporte des contraintes pour les uns et des facilités pour les autres, mais il est très important qu'elles soient égalitaires, quels que soient les territoires. L'humanité doit comprendre qu'elle n'est pas seule. À côté de l'espèce humaine, il est d'autres espèces, animales ou végétales. Le monde inerte, lui-même, est lourdement pollué par nos activités. Pour employer un mot à la fois poétique et très précis, nous sommes dans un écoumène, c'est-à-dire dans un lieu en tant qu'il est habité par l'espèce humaine. Nous ne pouvons donc pas conserver une attitude ingénue vis-à-vis de ce que nous faisons des lieux qui nous sustentent.

M. Letchimy a eu raison de dire qu'il faudrait non seulement inverser la charge de la preuve, mais, d'une certaine manière, subordonner nos décisions quotidiennes, économiques, sociales, réglementaires, administratives, politiques, à une vision plus vaste. Cette vision plus vaste, c'est précisément celle de l'humanité qui est dans une écosphère dont elle ne peut sortir : lorsqu'elle devient aveugle à cette écosphère, elle commet des bêtises, comme nous le voyons actuellement. Peut-être, avec cette loi Grenelle, allons-nous essayer de réparer, si vous nous aidez, monsieur le ministre, madame la secrétaire d'État, mais, au vu des discussions qui ont eu lieu en commission, je crains que cela ne suffise pas. C'est le deuxième argument qui me fait plaider en faveur de la question préalable.

M. Letchimy a également évoqué ce que j'appellerai le service public de la nature. On ne se rend pas compte que, même du strict point de vue quantitatif, en termes de PIB, d'euros ou de dollars, il existe un service public de la nature dont, à l'échelon global, planétaire, l'évaluation monétaire serait supérieure au PIB mondial. C'est d'ailleurs l'un des défauts de la loi, qui n'établit aucun lien direct avec le rapport Stern. Celui-ci ne concerne que le dérèglement climatique, mais, de ce seul point de vue, on pourrait déjà engranger plusieurs points de PIB, alors qu'on risque de les perdre si l'on fait le business as usual.

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