Monsieur le président, mesdames les ministres, j'interviendrai sur les problèmes de sélection, de formation des étudiants en médecine, de démographie et de permanence des soins. Nombre d'orateurs ont déjà abordé ces sujets, mais certains de nos territoires, notamment ruraux, connaissent une grave crise démographique s'agissant des professionnels de santé. Ainsi, le nombre de médecins exerçant la médecine générale en secteur 1 a diminué dans nos territoires. Ils ne sont pas remplacés lorsqu'ils partent à la retraite. Et, dans certaines zones, la permanence de soins est devenue un parcours du combattant. Les vocations sont taries. Le résultat de l'examen classant national, le grand amphi au cours duquel les nouveaux internes choisissent leur spécialité, montre que la spécialité de médecine générale est peu choisie ou choisie par défaut. C'est ainsi que 12 000 médecins généralistes n'exerceraient pas leur profession aujourd'hui en France. L'image dégradée, le mode de sélection des étudiants en PCEM1, les conditions d'exercice, surtout lorsque celui-ci est solitaire, n'attirent plus les jeunes générations, qui privilégient leur vie familiale ou personnelle.
Tout cela doit nous conduire à des gestes forts où chaque acteur doit prendre ses responsabilités : faire connaître le métier aux étudiants en médecine, multiplier les stages auprès des praticiens, faire intervenir ceux-ci à la faculté, partager le temps d'internat en deux parties égales, une moitié à l'hôpital et l'autre sur le terrain, améliorer les conditions d'exercice en favorisant les regroupements professionnels, maison de santé, maison de garde. Mais il faut aussi que tout le monde joue le jeu : la faculté, en ouvrant ses portes aux médecins de ville, en rappelant l'intérêt d'une médecine globale, humaniste où l'examen clinique est privilégié sur les examens techniques, la profession médicale, les syndicats, le conseil de l'Ordre qui doivent prendre leurs responsabilités. Je pense à des mesures simples : favoriser les remplacements, faire mieux connaître la possibilité d'exercer en plusieurs lieux. L'assurance maladie, quant à elle, doit se fixer l'objectif de perfectionner le parcours de santé en valorisant la médecine de famille. Il n'est pas normal que l'avenant n° 20 de la convention médicale ne soit pas appliqué entièrement. Je me plais à penser que, si l'assurance maladie mettait autant d'énergie à réaliser cet objectif de favoriser le parcours de soins qu'elle en a mis à mettre en place les délégués à l'assurance maladie, nous avancerions grandement sur ce point.
S'agissant du numerus clausus, il faudra sans doute le régionaliser. Nous aurons, je l'espère, l'occasion de l'envisager dans le cadre des agences régionales de santé, par exemple.
Voilà quelques pistes, sans doute trop rapidement survolées. Mais, vous le savez, mes chers collègues, l'attente de nos compatriotes est très forte. Il ne faut donc se priver d'aucune piste, d'aucune expérience, d'aucune réussite. L'égalité de l'accès aux soins est un élément important du pacte républicain et je souhaite ardemment que ce projet de loi de financement de l'assurance maladie y participe. (Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.)